Une peine d'inéligibilité de cinq ans, deux ans de prison avec sursis et neuf millions d'euros d'amende ont été requis jeudi contre le sénateur Serge Dassault, poursuivi à Paris pour blanchiment de fraude fiscale.
31 millions d'euros cachés. Selon le parquet national financier, le sénateur Les Républicains de l'Essonne, accusé d'avoir dissimulé au fisc jusqu'à 31 millions d'euros sur des comptes au Luxembourg et au Liechtenstein, ne peut pas "décemment" continuer à siéger à la haute assemblée, où il fait partie de la commission des Finances. Si le tribunal suivait ces réquisitions, ce serait la deuxième fois que Serge Dassault perdrait un mandat électoral sur décision de justice.
Absent devant les juges. En 2009, le Conseil d'Etat avait annulé la réélection de Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes l'année précédente, en raison de "dons d'argent", et l'avait déclaré inéligible pendant un an. Dans un réquisitoire à deux voix, le parquet national financier a étrillé jeudi le "choix" de Serge Dassault de ne pas se présenter devant ses juges. Le sénateur LR était il y a quelques jours à Aix-en-Provence pour un baptême de promotion à l'Ecole de l'air Marcel Dassault. "Il est évidemment beaucoup moins glorieux de se retrouver devant la 32e chambre du tribunal correctionnel et d'expliquer pour quelles raisons pendant 15 ans, de 1999 à 2014, il a dissimulé des dizaines de millions d'euros à l'administration française", a déclaré la procureure Ulrika Delaunay-Weiss. "Il y a sa loi et il y a la loi des autres", a-t-elle dénoncé, critiquant vertement l'élu et capitaine d'industrie qui "piétine et bafoue les valeurs républicaines".