La fronde dure depuis six jours. Après une semaine de rassemblements nocturnes organisés par les gardiens de la paix - sans leurs syndicats - pour protester, notamment, contre les violences dont ils font l'objet, des centaines de policiers se sont à nouveau réunis ce week-end, notamment devant les lieux des attentats du 13-Novembre, à Paris. Les propositions formulées par les ministres de l'Intérieur et de la Justice et le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, ces derniers jours, n'ont pour l'instant pas réussi à calmer la grogne des fonctionnaires, qui se disent "à bout". La semaine s'annonce donc cruciale pour l'exécutif, alors que des manifestations nationales sont prévues mardi et mercredi.
Les doléances recueillies dans les départements. Depuis ce lundi matin, des réunions de concertation sont organisées dans les départements, à la demande de Bernard Cazeneuve. Sous la houlette des préfets et des directeurs départementaux de la sécurité publique, elles visent à cibler les revendications des policiers à l'échelle locale. Ces derniers réclament notamment une réduction des missions de garde "statiques", devant les préfectures ou les palais de justice, par exemple. Certaines tâches, comme la surveillance des détenus hospitalisés, pourraient être déléguées à des entreprises privées, a indiqué Jean-Marc Falcone, dimanche.
À Toulouse, une première réunion avec les syndicats a débuté lundi à 9 heures. Une seconde, avec les policiers qui manifestent depuis une semaine, doit avoir lieu mardi. En sous-effectifs, les gardiens de la paix de Haute-Garonne évoquent une généralisation du dépôt de plainte en ligne ou la fermeture des commissariats au public après 18 heures, comme c'est le cas pour les gendarmeries, afin d'affecter davantage de personnel aux patrouilles. Les conclusions de ces différentes rencontres doivent être remises en décembre, pour venir compléter un "plan de sécurité publique" lancé en novembre.
Deux manifestations mardi et mercredi. En plus d'éventuels rassemblements spontanés semblables à ceux de ces derniers jours, la semaine sera aussi marquée par deux manifestations nationales, organisées par les syndicats, qui tentent de reprendre la main sur le mouvement. Plusieurs organisations, dont Alliance, Synergie Officiers et l'Unsa, appellent les gardiens de la paix à se réunir devant les palais de justice mardi, de 13 heures à 13h30. Le syndicat Unité-Police SGP-FO, de son côté, organise une manifestation silencieuse appelée "marche de la colère", mercredi, dans toute la France.
Les syndicats reçus à l'Elysée. Enfin, après Bernard Cazeneuve et Jean-Jacques Urvoas la semaine dernière, c'est François Hollande qui rencontrera les représentants de la police, mercredi. Le chef de l'Etat, qui a annoncé son intention d'aller "au bout de ce que ces policiers ou ces organisations demandent", recevra également le Conseil de la fonction militaire de la gendarmerie. Reste à savoir si ce rendez-vous calmera la grogne des fonctionnaires, pas convaincus par les propositions du ministre de l'Intérieur, la semaine dernière. "Je suis comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois", expliquait un policier à Europe 1, vendredi soir. "Quand on aura du matériel, quand on aura des effectifs sur le terrain, là ce sera du concret."