Confinement : la date du 11 mai "ouvre un horizon" et marque "le début d'une réorganisation"

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Séverine Mermilliod
Serge Hefez, ​psychiatre et psychanalyste, était invité mardi matin sur Europe 1 pour répondre aux interrogations des auditeurs. Il estime que le fait d'avoir le 11 mai comme objectif est bénéfique et qu'il est temps de se projeter dans l'après-confinement, car il y aura beaucoup "à réinventer", notamment en famille.
INTERVIEW

Selon Serge Hefez, ​psychiatre et psychanalyste et invité de notre #RadioOuverte sur Europe 1, il était "très, très important" de fixer une date de prévision de déconfinement, ce qu'a fait le chef de l'Etat lundi soir en annonçant une sortie progressive de la crise liée au coronavirus à partir du 11 mai. "Parce que cela ouvre un horizon : il y a un tunnel qui est sombre, et d'un coup un point lumineux vers lequel on peut converger. C'est la seule chose précise qui ait été dite. Elle permet de rêver."

La date du "post-traumatique"

Le psychiatre estime que grâce à cet objectif du 11 mai, chacun peut désormais avoir "quelque chose à quoi s'accrocher" ce qui marque "le début d'une réorganisation". "Il a fallu reconfigurer nos existences et le fait de fixer une date de sortie du confinement, c'est la date du post-traumatique. On va sortir de ce traumatisme collectif. Mais il faut se demander : comment va-t-on se retrouver ? Quelles vont-être les répercussions sur nous tous de cet événement traumatique ?"

Pour Serge Hefez, un traumatisme est un crise qui amène nécessairement des aménagements. "Il y a tout un tas de choses à réinventer à partir de ce qu'on a vécu, en espérant qu'on puisse en tirer le meilleur. Cela a été une expérience collective très pénible, très douloureuse pour beaucoup, mais qui a aussi permis des réaménagements des liens, des projets".

"Réapprendre la prise de risques"

Ainsi, dans les familles, il va falloir réapprendre à faire confiance. "Dans de nombreuses familles, le confinement, en se repliant dans le nid familial, en réinventant des règles de vie commune, devient un cocon. Mais à un moment il faut en sortir". Marie, une auditrice d'Europe 1, qui se dit ainsi "très inquiète du retour au collège" de son fils, sans masque et dans les transports en commun, constate que ce dernier est "paradoxalement soulagé, il va retrouver une vie normale, revoir ses copains".

"Les enfants ont plus hâte de sortir du cocon que les parents", confirme le psychiatre. "Il y a quelque chose à réapprendre de la prise de risque : il faut repenser à la vie avec tous ses dangers, de la maladie et du quotidien, auxquels nos enfants sont exposés et dont ils étaient d’une certaine façon préservés en restant à la maison. Quelque chose de très protecteur s’est mis en place entre nous, et il faut commencer à ressortir de tout ça pour affronter la vie dans sa réalité".