Les enseignants et chefs d'établissements devraient être mieux formés et soutenus face aux contestations et comportements agressifs qui sont source de "souffrance des personnels", selon le rapport annuel de la médiatrice de l'Éducation publié mercredi. "Les professeurs sont confrontés à des problématiques de société qui frappent de plein fouet l'école", liées "à la laïcité, à la citoyenneté, aux valeurs de la République, mais aussi à l'usage des réseaux sociaux, du numérique, à l'inclusion scolaire (des élèves en situation de handicap, nldr), à l'enseignement de l'éducation à la sexualité", a expliqué à l'AFP Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur.
"Dans les classes, il y a énormément de pression pour répondre à tous les sujets et les équipes ne se sentent pas toujours prêtes, pas formées et peu soutenues" face à cette "surcharge de responsabilité", a-t-elle ajouté.
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Des contestations "parfois virulentes, voire agressives"
Les médiateurs ont traité 20.400 saisines en 2023 (+12% reçues en un an). Parmi les réclamations d'élèves, parents et étudiants, 30% (5.460) concernaient l'enseignement et la vie dans l'établissement (conflits relationnels, contestations de mesures disciplinaires ou de notations...), en hausse de 19% en un an et 118% en cinq ans. "Les enseignants, comme les personnels en fonction d'encadrement, se sentent mis en cause par l'ensemble de ces contestations qui s'expriment parfois de manière virulente, voire agressive", souligne ce rapport.
Sur les 4.278 saisines émanant de personnels en 2023 (+18%), 539 faisaient directement état d'un mal-être ou d'une souffrance au travail, en augmentation de 78% depuis cinq ans. Les enseignements transversaux (laïcité, vie affective et sexuelle, etc) sont notamment "à l'origine d'un sentiment croissant d'insécurité ou d'incompétence chez de nombreux professeurs", selon le rapport qui préconise d'"inscrire dans un cadre éducatif explicite" les enseignements "risquant de heurter certaines sensibilités".
Une protection fonctionnelle "plus automatique"
Il recommande aussi de "développer la formation" des équipes pour "les aider dans la mise en œuvre d'enseignements complexes", de "renforcer la protection des personnels", en leur apportant "les appuis institutionnels nécessaires" (moral et juridique notamment), ou de généraliser "les espaces de parole et de soutien".
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Face à "la montée des comportements agressifs" recensée, il préconise également une protection fonctionnelle "plus automatique", ou une formation continue des personnels renforcée, y compris à la "prévention et gestion de crise". "On ne peut plus considérer, y compris pour les enseignants, qu'ils sont là juste pour enseigner leur discipline. Ils ont beaucoup d'autres préoccupations. Il faut les armer, les outiller et les accompagner pour cela", estime Catherine Becchetti-Bizot.