Dès 2009, la communauté internationale s’est accordée pour limiter à deux degrés Celsius la hausse de la température mondiale afin de prévenir des impacts dévastateurs du réchauffement climatique. Ces deux degrés représentent un niveau de sécurité au-delà duquel, le climat se déréglerait et aurait des conséquences extrêmes. Pourtant, cette limite est souvent remise en cause et perçue comme inatteignable. Le grand enjeu de la COP21 qui a débuté ce lundi au Bourget va donc être de mettre d'accord sur ces deux degrés 195 pays du monde entier. Selon Nicholas Stern, auteur d’un rapport sur l’économie du changement climatique, "à moins que des mesures draconiennes ne soient prises, il est fort probable que d’ici environ un siècle, le monde soit en moyenne plus chaud de quatre degrés qu’à la fin du 19ème siècle". Mais alors justement, à quoi ressemblerait le Monde si le réchauffement climatique dépasse deux degrés Celsius ?
Récurrence des phénomènes climatiques extrêmes. Même si pour vous, quatre degrés de plus affichés sur le thermomètre ne changent pas grand chose, à l’échelle de la planète, ces quelques degrés supplémentaires chaque année peuvent avoir des conséquences irréversibles. Grosse chaleur, canicule, pluies diluviennes, crues, tempêtes et cyclones…ces événements extrêmes qui sont la conséquence de circulation de masses d’air autour du globe pourraient devenir plus fréquents et plus violents, selon le 5ème rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le Giec.
Des îles pourraient disparaître. La conséquence directe de la récurrence de ces phénomènes climatiques extrêmes est la montée du niveau de la mer et donc la disparition de certaines îles. Le niveau des océans s’est élevé de dix centimètres ces 50 dernières années et cela n’est pas prêt de s’arrêter. En effet, une augmentation de deux degrés en moyenne sur le globe ne signifie pas que le thermomètre grimpera de deux degrés partout, uniformément. La hausse de température sera donc beaucoup plus forte dans l’Arctique que sur l'Équateur et la température aux pôles pourrait grimper de huit à dix degrés. Cette forte augmentation va accélérer la fonte des calottes glaciaires qui, conjuguée à la fonte des petits glaciers de montagne et la dilatation des molécules d’eau à cause de la chaleur, entraînera une montée du niveau des océans de 30 à 80 centimètres pour deux degrés de plus. A titre d’exemple, d’ici 2100, la dune du Pyla pourrait perdre 80% de sa surface. Et selon une étude du CNRS, 10.000 à 20.000 îles et archipels pourraient totalement disparaître avant la fin du siècle.
Il fera chaud ! Selon Météo France, si le réchauffement climatique dépasse deux degrés, les phénomènes de canicule pourraient se multiplier en France et dans le monde. A Paris par exemple, il pourrait y avoir entre 10 et 26 alertes canicule par an en 2050, selon le scénario le plus pessimiste, au lieu d’une seule alerte par an aujourd’hui. Un phénomène particulièrement marqué dans les zones de forte densité urbaine où les bâtiments emmagasinent de la chaleur et les températures restent élevées en permanence.
250 millions de réfugiés climatiques en 2050. Sécheresses, typhons, cyclones et pluies diluviennes vont s’intensifier dans les années à venir et provoquer une migration des populations. Dans un rapport publié en 2012, l’ONU prédisait 250 millions de déplacés dans le monde en 2050. Pire, ces 20 dernières années, les catastrophes naturelles ont tué quelque 600.000 personnes (en moyenne 30.000 par an) selon le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes. Un phénomène qui touche particulièrement les pays pauvres puisque 89% de ces décès ont été enregistrés dans des pays à faibles revenus. La Banque mondiale estime d’ailleurs dans un rapport publié en novembre 2015 que plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté si les objectifs de réduction des gaz à effets de serre ne sont pas tenus. "Ce sont les plus démunis qui sont le plus durement frappés par le changement climatique. Le défi auquel nous sommes maintenant confrontés consister à éviter que le dérèglement du climat ne plonge dans l’extrême pauvreté des dizaines de millions d’êtres humains", souligne Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale.
Des écosystèmes disparaîtront. Selon les spécialistes, une augmentation de température de trois degrés Celsius entraînera une migration des espèces de 500 kilomètres vers le Nord. Et c’est d’ailleurs pour cela, que les frelons asiatiques ou les chenilles processionnaires ont fait leur apparition chez nous. Plus grave encore, en analysant les résultats d’une centaine d’études qui portent sur l’impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore, des chercheurs américains ont établi qu’une espèce animale sur six pourrait disparaître si le rythme actuel des émissions de gaz à effets de serre se poursuit.
Et pourquoi pas 1,5°C ? Un rapport d'experts de l'ONU l'a discrètement rappelé en juin, en pleines négociations climatiques à Bonn, le monde ne doit pas se penser à l'abri parce qu'il se limite à une augmentation de 2 degrés Celsius. La "rambarde de sécurité" serait plutôt "un seuil à 1,5°", relevait ce document, pour qui les deux degrés "devraient être vus comme une ligne de défense+, une limite maximale à protéger à tout prix".