"On n'a jamais égrené les morts au cours de notre Histoire, même pendant la guerre." Depuis maintenant plusieurs semaines, c'est le même rituel chaque soir. Aux alentours de 19 heures, un représentant du gouvernement se présente devant les journalistes et dresse le bilan des nouveaux morts du coronavirus en France. Un discours "anxiogène", qui n'est pas du goût du sociologue Frédéric Lenoir.
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Une certaine "dramatisation des choses"
Invité du "Grand journal du soir" d'Europe 1 ce vendredi, celui qui est également philosophe et docteur à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales estime qu'il y a une certaine "dramatisation des choses" par rapport du Covid-19. Jeudi, Jérôme Salomon, le Directeur général de la Santé, a comparé la pandémie à celle de la peste noire de 1347 qui a tué des millions d'Européens. Une phrase "très excessive" pour Frédéric Lenoir, alors que le bilan du coronavirus dans le monde est actuellement d'environ 190.000 morts. Le sociologue rappelle qu'"à force de tout dramatiser pour que les gens aient peur, on finit par créer beaucoup plus de problèmes que ce qu'on pense en résoudre".
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"Prendre la mesure du risque" sans "accentuer la peur des gens"
Si "au début de la pandémie tout le monde disait que ce n'était qu'une petite grippe, aujourd'hui on va trop loin", estime-t-il. Frédéric Lenoir appelle ainsi à "prendre la mesure du risque", sans créer de "l'anxiété". "La mort est devenue très présente dans notre société depuis deux mois, les gens sont angoissés et cela mène à des dépressions, voire des suicides. Il ne faut pas accentuer la peur [des gens] puisqu'en plus, ce genre d'émotions augmente les chances de fragiliser le système immunitaire, et donc d'attraper le coronavirus."