Une partie du Nord de l'Italie fait l'objet de mesures strictes depuis ce week-end à cause de la brusque multiplication des cas de coronavirus Covid-19. Onze villes, dont dix d'entre elles en Lombardie, une région limitrophe de la Suisse, ont été placées en quarantaine à la suite de l'adoption samedi soir d'un décret-loi interdisant les entrées et les sorties dans ces zones. Face au nouveau décompte de 152 cas de contamination annoncé dans un pays voisin, les autorités françaises sont contraintes d'accélérer la préparation du pays à une éventuelle multiplication des infections sur le territoire.
Un risque d'épidémie "beaucoup plus important"
Le ministre de la Santé Olivier Véran a d'ailleurs indiqué que la France se préparait à l'hypothèse d'une "épidémie" et jugé l'apparition d'autres cas "très probable" dans une interview publiée dimanche dans le journal Le Parisien. "La multiplication des foyers à l’étranger, susceptibles d’essaimer vers la France, rend le risque d’épidémie beaucoup plus important", confirme dimanche à Europe 1 Arnaud Fontanet, le directeur du département de santé globale à l'Institut Pasteur. Pour lui, l’épidémie de coronavirus entre dans une nouvelle phase de la "transmission communautaire". "Dans les différents foyers, on ne peut plus relier les patients avec un voyage en Chine ou un contact avec une personne déjà affectée", estime-t-il.
En Lombardie, le patient 0 n'a pas été formellement identifié. Le patient "un" est un homme de 38 ans, cadre de la multinationale américaine Unilever qui a un site important près de Codogno, une ville de 15.000 habitants et le principal foyer du Covid-19 en Italie. Sa maladie est un mystère car il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenu de Chine en janvier. "Sur la base des tests effectués, [l'ami] n'a pas développé les anticorps", a d'ailleurs indiqué le ministre adjoint de la Santé, Pierpaolo Sileri.
"On est toujours inquiet par des cas sans liens épidémiologiques évidents"
"Ce qui se passe en Italie est une inquiétude internationale", a réagi dimanche soir sur Europe 1 Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris. "On est toujours inquiet par des cas sans liens épidémiologiques évidents. On va peut-être les trouver, mais il faut trouver la chaîne de contamination", explique le spécialiste qui juge le contexte "assez intrigant et pas très tranquillisant".
Pour limiter les risques, Olivier Véran dit en tout cas avoir demandé une augmentation du "nombre de laboratoires équipés en tests de diagnostic pour atteindre une capacité de plusieurs milliers d'analyses par jour et sur tout le territoire, contre 400 aujourd'hui". "Nous poursuivons également l'équipement en masques", a-t-il poursuivi.
Des confinements pour le moment localisés
En revanche, le ministre ne plaide "aujourd'hui" en aucun cas "pour des mesures de confinement à grande échelle en France", a contrario de la Chine où 77.000 personnes sont désormais infectées et 2.442 décès liés au virus ont été recensés. Pour le moment, la France a en effet opté pour une stratégie de confinements très localisés de ses ressortissants rapatriés de Chine. Dernier épisode en date : le confinement dans un village vacances de Branville, dans le Calvados, de la trentaine de Français rentrés en France par avion de Wuhan vendredi. Ceux-ci seront surveillés mais n'avaient pas de symptômes à leur arrivée. Précédemment, 65 Français avaient déjà été confinés dans un centre de vacances situé à Carry-le-Rouet à proximité de Marseille. Ils en étaient finalement ressortis.
Seule une personne reste malade sur le territoire et est hospitalisée à Lyon.