Coronavirus : "La situation est sous contrôle", affirme un médecin de l’Institut Pasteur

Pour Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur, "la situation est sous contrôle" à propos du coronavirus. (photo d'illustration)
Pour Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur, "la situation est sous contrôle" à propos du coronavirus. (photo d'illustration) © AFP
  • Copié
Ariel Guez
Invité dimanche d'Europe 1, Arnaud Fontanet, de l'Institut Pasteur, est revenu sur la propagation du coronavirus, qui a contaminé plus de 80.000 personnes dans le monde. Il affirme que malgré ce chiffre, le nouveau virus chinois est "moins contagieux" que la grippe saisonnière, et qu'on "va réussir à endiguer petit à petit chacun des foyers" du coronavirus.
ANALYSE

Au micro de Patrick Cohen samedi, sur Europe 1, Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie de l’Institut Pasteur, est revenu sur l'évolution de la propagation du coronavirus et sur l'avancée des recherches scientifiques.  "Malheureusement on arrive à cette période qu’on redoutait où on voit des foyers s’allumer à plusieurs endroits", explique l'épidémiologiste, qui rappelle qu'il y a une semaine, aucun cas n'était plus recensé sur le sol français.

"Ça demande un effort de réactivité très important, car il faut contenir et limiter la progression de chacun de ces foyers et plus ils sont nombreux, plus ce sera difficile". Depuis le début de l'épidémie commencée en Chine, le virus a atteint près de 40 pays, a contaminé plus de 80.000 personnes et en a tué plus de 2.900.

Néanmoins, le scientifique se veut rassurant. Pour lui, "la situation est sous contrôle". "On va réussir à endiguer petit à petit chacun de ces foyers. Mais on va être mis au défi dans les semaines à venir, en raison des foyers épidémiques très importants qui se créent" dans le monde, explique Arnaud Fontanet, prenant l'exemple de l'Italie et de l'Iran, où la situation s'est aggravée cette semaine. Ces nouveaux foyers compliquent le travail des médecins pour identifier les potentiels malades, poursuit le directeur de l’unité d’épidémiologie de l’Institut Pasteur. "Le fait de demander si un patient avait été en Chine était très efficace, mais ce n'est plus valide aujourd'hui", explique-t-il. 

"On a beaucoup appris sur ce nouveau coronavirus"

Si Arnaud Fontanet reconnaît une "part d'inconnu" dans la situation actuelle et dans son évolution, il souligne surtout la capacité de recherche des médecins à travers le monde, rappelant que le séquençage du virus avait été réalisé en quatre semaines seulement. Membre de la Task Force "coronavirus 2019-nCoV" de l'Institut Pasteur, l'épidémiologiste explique que la recherche se concentre sur un test "sérologique", qui a pour but de dépister les anticorps au virus.

"Avec ce test sérologique, on saura l'étendue réelle de l'épidémie et de sa propagation", explique-t-il, affirmant que le test pourrait être conçu dans les deux mois à venir. Ses équipes travaillent également sur un traitement, qui pourrait être développé d'ici six mois, ainsi qu'un vaccin, dans les 18 à 24 mois.

Moins contagieux que la grippe saisonnière ? 

À propos des symptômes du coronavirus, très proches de ceux de la grippe, Arnaud Fontanet affirme qu'on est "sur des choses qu'on connaît". "Les quelques nuances par rapport à une épidémie grippale saisonnière, ce serait de dire que c'est un peu moins contagieux", affirme-t-il, en ajoutant que la mortalité liée au coronavirus reste plus élevée.

"Il faut distinguer le nombre de cas secondaires par personnes infectées en absence de mesure de contrôle", explique Arnaud Fontanet. "Ce nombre, il est entre deux et trois. C’est le même pour le SRAS, pour la grippe saisonnière et pour le coronavirus". "La grande différence, c’est que quand vous mettez en route des mesures de contrôle, avec le SRAS, on pouvait faire descendre ce nombre en dessous de un, c’est-à-dire arrêter l'épidémie", poursuit le médecin de l'Institut Pasteur. Or, avec la grippe saisonnière, "on sait qu’on n'y arrive pas", dit-il. "On peut la ralentir, mais on ne peut pas la stopper". 

"Mais avec ce coronavirus, les mesures d'hygiènes et de distanciations sociales (comme le confinement, ndlr), ces mesures peuvent avoir un impact un peu plus fort qu’avec une grippe et c’est là que c’est important, c’est l’enjeu des prochaines semaines", conclut Arnaud Fontanet.