Les 1.000 visons d'un élevage de Champrond-en-Gâtine en Eure-et-Loire, près de Chartres, ont été abattus dimanche, après leur contamination au coronavirus. Une première en France alors que des foyers avaient déjà été identifiés au Danemark et aux Pays-Bas précédemment. Deux raisons principales ont poussé les autorités à prendre cette décision, parmi lesquels le risque évident que le virus se propage rapidement dans l'élevage et contamine le personnel. Selon Jeanne Brugère-Picoux, membre de l'Académie de médecine et de l'Académie vétérinaire de France, très vite, 90 à 100% des visions sont infectés par des gouttelettes qui stagnent dans les bâtiments fermés.
"Un vrai risque de transmission à l'Homme"
Autre risque majeur : une possible mutation du virus au moment de la contamination du vison. Comme au Danemark, un variant Covid-19 pourrait apparaître et mettre en péril la recherche sur les vaccins contre le coronavirus. Invité d'Europe Soir dimanche, le vétérinaire et député LREM Loïc Dombreval rappelle ainsi qu'au Danemark, le virus "avait muté et a été retranscrit de l'animal vers l'Homme." "Il n'était pas du tout dit que ce serait la même chose ici en France", indique le président du groupe d'étude Condition animale à l'Assemblée nationale. Toutefois, le député affirme que les visons "ont été abattus parce qu'il y avait un vrai risque de transmission à l'Homme".
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"Le variant le plus ennuyeux, c'est s'il correspond à la cible du vaccin, c'est-à-dire à la porte d'entrée du virus. Si le mutant correspond à cette porte d'entrée, à ce moment-là c'est un problème. Ça oblige à modifier la formule vaccinale si on a des variants qui peuvent interférer avec le vaccin classique", souligne Jeanne Brugère-Picoux.
La France compte quatre élevages de visons
Le risque pourrait pourtant ne pas être très élevé. Le Danemark a annoncé que 12 personnes avaient été contaminées par un variant problématique du coronavirus. Par précaution, le virus retrouvé dans l'élevage de Champrond-en-Gâtine va, lui, être séquencé pour être sûr qu'il ne s'agit pas d'une mutation. La France compte au total quatre élevages de visons. Sur les trois autres élevages, l'un est indemne. Les analyses sont toujours en cours dans les deux derniers.
De son côté, la Fondation de protection animale Brigitte Bardot a envoyé dimanche une lettre à Barbara Pompili, en charge de ce dossier pour le gouvernement, l'enjoignant à appliquer le "principe de précaution" en veillant "à ne pas faire naître une nouvelle génération de visons condamnés à la captivité avant d'être gazés la saison prochaine". La Fondation réclame une fermeture des élevages en 2021 et non en 2025, comme le souhaite ministère.
"C'est exactement ce que je demande et ce que j'ai dit à Barbara Pompili. Il me semble que l'interdiction programmée de l'élevage de visons en 2025 est beaucoup trop tardive au regard de cette particularité avec le coronavirus", appuie Loïc Dombreval.
Le député rappelle que ces animaux "ont de toute façon un destin tragique tous les ans" vers les mois de novembre et décembre "puisqu'ils sont tués pour faire des manteaux de fourrure".