Au total, plus de 300.000 élèves ne pourront pas retourner dans leur établissement scolaire lundi, à cause des fermetures liées au coronavirus. Sans compter les crèches également closes. Des cours à distance seront mis en place. Mais beaucoup de parents devront s'organiser pour garder leur enfant.
De la Corse au Morbihan, du Haut-Rhin à l'Oise, de nombreux établissements scolaires et crèches seront fermés, à partir de lundi, et pour deux semaines. Une décision prise pour freiner l'épidémie de coronavirus, mais qui pose d'indéniables problèmes logistiques. Que vont faire les enfants et adolescents ainsi confinés chez eux ? Comment s'organiser pour les garder ? Pour qu'ils ne prennent pas trop de retard dans leur programme scolaire ? Europe 1 fait le point.
Plus de 300.000 élèves concernés
Ces fermetures d'établissements ont été décidées, selon le ministère de l'Éducation nationale, pour "éviter les regroupements d'enfants et d'adolescents à qui il est difficile de faire respecter strictement les gestes barrière". En revanche, les professeurs pourront toujours se réunir, tout comme les conseils de classe.
Au total, plus de 300.000 élèves sont concernés sur les 12 millions scolarisés de la maternelle au lycée. Il faut y ajouter les très jeunes qui avaient une place dans les crèches désormais fermées. Environ 45.000 élèves, essentiellement dans l'Oise et le Morbihan, deux des foyers de l'épidémie en France, étaient déjà concernés par les fermetures de leurs établissements. Le seront en plus, à partir de lundi, tous les autres de l'Oise (165.000 élèves au total selon le rectorat) et 127.000 du Haut-Rhin, départements où la totalité des écoles, collèges et lycées (en plus des crèches) seront fermés pour au moins deux semaines.
En Corse, à Ajaccio, ville désormais considérée comme un "cluster", la fermeture des établissements scolaires, décidée dimanche soir, concernera environ 10.000 élèves. Dans la zone A (académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers), la dernière à effectuer sa rentrée après les vacances d'hiver, plus d'un million d'élèves s'apprêtent lundi à reprendre le chemin de l'école, à l'exception de ceux de la Balme-de-Sillingy, un foyer de coronavirus en Haute-Savoie où les établissements resteront fermées jusqu'au 14 mars.
Des cours à distance
Pour assurer la continuité pédagogique malgré les fermetures d'établissements scolaires décidés dans l'Oise, le Haut-Rhin et certains foyers du nouveau coronavirus, le ministère de l'Education a prévu des dispositifs d'enseignement à distance. En premier lieu, les ressources du Cned, le Centre national d'enseignement à distance, dont la plateforme "Ma classe à la maison" comporte deux volets.
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Le premier propose, de la grande section à la terminale, des exercices qui portent sur les programmes des premier et deuxième trimestres. Chaque jour, pendant un total cumulé de quelques heures fractionnées en plusieurs séances, l'élève peut réviser les notions déjà apprises. Un questionnaire permet d'adapter les exercices au niveau de chacun. Le deuxième volet est une "classe virtuelle", où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence. Les connexions sont possible par ordinateur, tablette ou téléphone.
Selon l'Education nationale, la plateforme "Ma classe à la maison" peut supporter 6 millions de connexions simultanées. Elle est déjà utilisée par environ 2.000 élèves de lycées français en Asie (principalement en Chine) depuis plusieurs semaines. L'autre outil à disposition est baptisé ENT (Espaces numériques de travail). Il s'agit d'intranets propres à chaque établissement, un système généralisé dans le second degré mais peu répandu dans le premier. Élèves et enseignants peuvent y échanger cours, exercices et messages.
Des dispositifs uniquement provisoires
"Chaque professeur décide des outils qu'il utilise" et comment il les agence, indique le ministère de l'Education nationale, l'idée étant d'alterner travail en autonomie (exercices) et travail accompagné (classe virtuelle). "Il y aura beaucoup de parties où les élèves seront en autonomie" ou, pour les plus jeunes, avec leurs parents, prévient auprès de l'AFP Frédéric Marchand, secrétaire général du syndicat Unsa-Education. Le système repose évidemment sur le bon vouloir des élèves et parents, puisque les enseignants ne peuvent forcer à faire les exercices ni assister à la "classe virtuelle".
Par ailleurs, les exercices "ne permettent que de réviser", selon Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU (primaire). "Pour aborder des notions nouvelles, il faut un accompagnement pédagogique qu'on ne peut demander aux familles. Elles n'ont pas la compétence, la patience ou la disponibilité", ajoute-t-elle, prévenant d'un risque "d'accroître les inégalités sociales". "Les enseignants doivent être formés au logiciel, et de toute façon rien ne remplace la présence physique en classe. C'est l'accompagnement, les interactions avec les copains, la vie d'une classe qui fait qu'on apprend."
Ces dispositifs ne peuvent donc être que provisoires. "Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, surtout pour les classes qui ont des examens en fin d'année, qui ne peuvent se permettre de prendre trop de retard", explique Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes-FSU (secondaire). Le ministère acquiesce : "Si (les fermetures d'établissements) sont amenées à durer, il faudra réfléchir à d'autres solutions."
L'obligation pour les parents de trouver un mode de garde
Cours à distance ou non, de nombreux élèves, sans compter les jeunes enfants sortis des crèches, devront être gardés. Et c'est peut-être là que les plus gros ennuis commencent pour les parents. Faire appel à une nounou engendre des frais, aux grands-parents des inquiétudes, les personnes âgées étant particulièrement exposées au coronavirus.
Pour celles et ceux qui n'ont pas d'autres solutions, il faudra rester à la maison avec leur progéniture. Les employés peuvent demander un télétravail ou déposer un arrêt de travail de circonstance. Celui-ci est indemnisé pendant une durée de 14 jours. Pour en bénéficier, il faut que l'employeur remplisse un formulaire accessible sur le site de la Sécurité sociale, declare.ameli.fr. Seuls les parents d'enfants de moins de 16 ans, qui n'ont pas de possibilité de télétravailler, et dont l'enfant est scolarisé dans une commune concernée par les mesures de confinement, sont éligibles à ce service. Par ailleurs, ce dernier n'est accessible qu'à l'un des deux parents.