Le Sénat a largement repoussé jeudi un texte d'interdiction des spectacles de corrida aux mineurs de moins de 16 ans, au cours d'un débat qui a ravivé les clivages entre protecteurs des traditions locales et défenseurs de la cause animale. Paradoxe de la vie parlementaire, c'est bien dans la conservatrice "chambre des territoires", dominée par la droite, que ce dossier sensible a été remis sur la table, une première au Palais du Luxembourg.
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Débat houleux entre tradition et protection de l'enfance
Le Sénat a débattu de l’interdiction des spectacles de corrida pour les mineurs, ravivant les tensions entre défenseurs des traditions locales et militants pour la cause animale et la protection des enfants. Le texte a été repoussé, les uns souhaitant protéger les enfants de scènes "traumatisantes", les autres défendant la "mort" possible de la tauromachie en France.
Les associations et collectifs anticorrida se sont saisies du dépôt de cette proposition de loi pour sensibiliser aux "dangers" de ces spectacles pour les mineurs : une pétition du collectif Protec (Protégeons les Enfants des Corridas) a réuni plus de 40.000 signataires. "Permettre à un enfant d'assister à une corrida, c'est l'initier à la pratique d'un délit", s'indignent par ailleurs plus d'une centaine d'élus dans une tribune du Midi Libre publiée ces derniers jours. "Il est de notre devoir d'éduquer les plus jeunes à refuser que la mort soit un spectacle", plaide pour sa part Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA.
Les défenseurs de la tauromachie mobilisés pour préserver leur culture
Le projet de loi a suscité une vive opposition dans les territoires taurins, où cette pratique est perçue comme une tradition culturelle ininterrompue. L’Union des villes taurines françaises (UVTF) a dénoncé ce texte comme une "attaque sans précédent" contre la tauromachie, avec un soutien large sur les bancs du Sénat pour cette cause.
Ce débat relance la question de l’avenir de la tauromachie en France, près de deux ans après une tentative d’interdiction totale à l’Assemblée nationale. L’enjeu dépasse la simple protection de l’enfance : certains accusent les auteurs du texte de viser la corrida en elle-même, cherchant à empêcher sa transmission aux jeunes générations et à mener cette tradition vers sa disparition.