300 millions d'euros. C'est le chiffre d'affaires pour les entreprises françaises de cours particulier à domicile en 2014. Ce secteur connaît un grand succès puisque la France est le plus gros consommateur de cours particuliers en Europe. Invitées de Marion Ruggieri dans "Il n'y en a pas deux comme elle" lundi, Louise Tourret (journaliste à Slate) et Valérie Marty (Présidente nationale de la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public) se sont intéressées à ce phénomène récent.
Une école à deux vitesses. Les sites de cours particuliers à domicile ne manquent pas, tout comme les professeurs qui proposent leurs service sans passer par le web. Ce constat est peut-être le symbole d'un état des lieux scolaire, celui d'une école française à deux vitesses. Valérie Marty, présidente de P.E.E.P., explique ce phénomène : "Beaucoup de familles sont anxieuses et ont recours à ces enseignes (...) Il y a une anxiété, il y a une offre, et donc rencontre". Et le phénomène dépasse les différences de classes sociales. "Des parents de milieux pas très favorisés ouvrent leur porte-monnaie et se saignent pour ces cours-là (..) Parfois cela ne marche pas et met davantage d'anxiété sur l'enfant", explique-t-elle.
Diplôme à tout prix. La course au diplôme à n'importe quel prix est une des raisons de l'existence de ce stress scolaire. "En France, le fait d'obtenir un premier diplôme compte pour beaucoup dans la suite de la carrière et le destin. On est dans un pays où le diplôme a une importance tellement démesurée qu'on commence à y penser dès le CP", indique Louise Tourret, journaliste à Slate. A l'étranger, l'approche du diplôme est différente : "il y a plus de formations continues ou professionnelles", précise la journaliste. En plein boom, le secteur connaît aussi une diversification au niveau de l'offre. "Maintenant, on a des plateformes privées où l'on peut choisir un professeur, avec une photo, en fonction de ses diplômes, et en un clic on le fait venir à la maison", confie Louise Tourret.
Un échec des établissements scolaires ? "Il faut se poser des questions pédagogiques : qu’est ce qu’on fait en cours pour avoir besoin de travailler autant à côté ?", s'interroge Louise Tourret. C'est directement l'efficacité en classe qui est remise en question, mais également le fonctionnement même des établissements scolaires. Selon Valérie Marty, "dans le travail personnel à l'école, on n’apprend pas aux élèves à travailler tout seul (...) Je pense que c’est une vraie défaillance de l’école publique et c’est ce que font parfois les cours particuliers : mettre l’élève en situation de travail personnel, tout simplement".
Selon l'OCDE, "la France est championne des inégalités sociales à l'école avec le système scolaire qui les reproduit le mieux", souligne Louise Tourret. Un constat qui offre des pistes de réflexion encore nombreuses.