Covid-19 : alors que les discothèques restent closes, le monde de la nuit s'impatiente

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Solène Leroux , modifié à

Dès demain, le gouvernement durcit l'accès aux concerts et autres matches de foot. Pendant trois semaines au moins, les jauges sont fixées à 2.000 personnes à l'intérieur et 5.000 à l'extérieur. Mais les discothèques, elles, sont une nouvelle fois fermées. Et les professionnels du secteur en comprennent de moins en moins les raisons.

Près de 1.600 discothèques garderont portes closes pour encore trois semaines minimum . Elles ont fermé le 10 décembre dernier, après plusieurs mois sans ouverture en raison de la pandémie de Covid-19 . Invité d'Europe Midi ce dimanche, Morgan Dalle porte-parole du collectif SOS Cafés, restaurants, hôtels et discothèques (CHRD) en détresse espère "pouvoir ouvrir très prochainement, car si on se base sur des textes scientifiques, nos ouvertures ne sont pas à risque".

D'autant plus qu'une "étude scientifique a été faite au mois d'octobre qui ont pour conclusion que les discothèques ne sont pas des lieux davantage propagateurs que d'autres endroits", rappelle-t-il. Il dénonce une certaine hypocrisie, alors que pour le Nouvel An "toute la France était une grande discothèque, on a vu énormément de fêtes, dont celle sur les Champs Élysées". Ce gérant d'une boite de nuit à Béthune dans le Pas-de-Calais rappelle également que "depuis le mois de septembre, nous avons eu zéro cluster".

Des fermetures politiques

Morgan Dalle "estime que les discothèques ne peuvent pas avoir un gros impact sur les vagues épidémiques, étant donné qu'elles ne représentent que 1.300 établissements". À titre de comparaison, la France possède "6.000 salles des fêtes" et "200.000 bars, restaurants et autres activités alimentaires", énumère le gérant.

Pour lui, si le gouvernement fait le choix de fermer les boîtes de nuit, c'est avant tout un "agenda politique, plutôt que des faits scientifiques". En effet, "c'est plus simple de fermer 1.300 discothèques et de donner la sensation qu'on garde la main sur le Covid-19" plutôt que de fermer d'autres établissements, au risque de prendre une "décision politique moins populaire".

Des exploitants démoralisés

Cette situation pèse sur le moral des patrons de discothèque. Il a été "très difficile de refermer", rappelle le porte-parole, "après 16 mois de fermeture et une réouverture où ils ont dû réinvestir de l'argent ". Pour certaines "être refermé après deux mois" a été vécu comme "une deuxième faillite". Une fermeture "immédiate et sans aucune concertation" qui relève d'un "réel mépris", selon Morgan Dalle. "Je ne pense pas qu'on aurait fermé Amazon comme cela du jour au lendemain sur un claquement de doigts", assène-t-il au micro d'Europe 1.

"Il n'y a aucune concertation, un véritable mépris pour notre activité et plus largement pour le petit patronat." Évoquant l'instauration du télétravail obligatoire , il assure que cette mesure va achever ses collègues cafetiers et restaurateurs puisque "le midi, ils ne feront pas de couverts". Le porte-parole a aussi un mot pour les "clubs de montagne qui sont fermés, alors que c'est pendant cette période qu'ils font leurs marges pour pouvoir survivre le reste de l'année".

Une fermeture "très discriminatoire"

D'après Morgan Dalle, "toutes ces mesures sont illogiques" et le reste de la population française le ressent également : "60% des Français ont répondu à un sondage en disant qu'ils ne comprenaient pas la fermeture des discothèques", soutient-il. Et de rappeler que la fermeture des discothèques est "très discriminatoire lorsqu'on voit que la plupart des lieux de libertinage sont ouverts".

La prochaine crainte du milieu de la nuit, "c'est que le pass 2G+ arrive et soit votée dans la précipitation", en mentionnant cette possibilité d'un pass vaccinal renforcé . "Alors on s'aperçoit qu'en Angleterre et en Afrique du Sud, on est en train de stopper les restrictions, et qu'Olivier Véran nous annonce dans le Journal du Dimanche que sera probablement la dernière vague", dit le gérant. Et de conclure : "Est-ce qu'il n'est pas temps d'avoir un débat public ?"