Invité samedi de la matinale d'Europe 1, Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique, a reconnu qu'il était encore difficile d'estimer l'impact des restrictions sanitaires sur les nouveaux variants, plus contagieux que la souche historique du Covid-19.
La progression sur notre territoire des variants du Covid-19, notamment sud-africain et brésilien, inquiète alors que les données épidémiques restent particulièrement hautes. Si l’hypothèse d’un reconfinement général n’est toujours pas à l’ordre du jour, des mesures pourraient être prises à l’échelon local, notamment en Moselle où la situation s’est beaucoup dégradée ces dernières semaines. "Ce sont les variants qui vont dicter notre politique sanitaire dans les semaines à venir, et pas le virus de 2020, qui reste beaucoup plus sensible aux mesures que l’on peut prendre", a expliqué samedi, au micro d’Europe 1, Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique.
Des mesures à l'efficacité limitée sur les variants ?
"On est actuellement en France devant deux épidémies, l’une liée au virus de 2020 que l’on connait bien et sur laquelle les mesures de contrôle sont efficaces, et puis une autre épidémie liée à des variants, qui sont plus transmissibles et qui continuent à progresser sur le territoire malgré les mesures en place", détaille Arnaud Fontanet. Ce scientifique estime néanmoins que nous ne disposons pas encore du recul nécessaire pour estimer pleinement l’efficacité de ces mesures, notamment le couvre-feu généralisé et la fermeture des grands centres commerciaux, sur ces nouvelles formes du virus.
"Il s’agit de voir comment la progression des variants va se faire en présence des mesures en cours", poursuit Arnaud Fontanet. Il pointe également l’effet des vacances scolaires, qui viennent juste de débuter pour la zone C : "Elles vont diminuer la circulation du virus dans les écoles et, par ricochet, dans les familles", avance-t-il. L'amplitude de cette diminution reste toutefois difficile à estimer sans point de comparaison, les vacances précédentes, celles de Noël, ayant été propices aux rassemblements familiaux et donc à la circulation du virus. Cette fois néanmoins, "on peut s’attendre […] à un petit relâchement de la pression exercée par le virus", veut croire notre épidémiologiste.
"Au-delà du variant anglais qui est plus transmissible, le variant sud-africain, également plus transmissible, peut échapper à la réponse immunitaire, que ce soit celle construite après une infection naturelle ou post-vaccinale", souligne Arnaud Fontanet, qui rappelle que le vaccin AstraZeneca a eu des résultats "extrêmement décevants" en Afrique du Sud.
Une rupture entre le conseil scientifique et l'exécutif ?
Initialement, les membres du Conseil scientifique s’étaient prononcés pour un reconfinement court, le temps des vacances scolaires, limitant ainsi l’impact sur la scolarisation. Cette hypothèse a toutefois été évacuée par l’exécutif. Est-ce à dire qu’Emmanuel Macron s’est affranchi des scientifiques ? "L’exécutif ne prend pas seulement en compte les conseils que l’on donne, qui sont sanitaires et scientifiques, il prend en compte d’autres paramètres, économiques, sociales et scolaires", veut nuancer Arnaud Fontanet.
"Prendre en compte tous ces éléments, c’est le travail d’un gouvernement qui a la maîtrise de l’ensemble de ces composantes, et pas d’un Conseil scientifique qui ne donne que ses options", poursuit-il. "Le gouvernement a vu qu’il avait encore du temps, que la situation ne se détériore pas de façon visible actuellement. Il faut néanmoins rester prudent, car la progression des variants continue", avertit Arnaud Fontanet.