La France va-t-elle trop vite ? Avec une situation sanitaire qui s'améliore, le gouvernement a décidé de lever des mesures à partir du 15 février, et son porte-parole Gabriel Attal a affirmé que le port du masque en intérieur, dans les lieux clos soumis au pass vaccinal, ne sera plus obligatoire. "Ce qui est étonnant, c'est que cette mesure n'est pas basée sur des indicateurs", s'interroge d'abord sur Europe 1 Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine.
Des mesures prises "de façon un peu précipitée"
"En tant que scientifique, j'aurais aimé des indicateurs solides pour juger pourquoi cette date, et la conditionner à ces indicateurs", poursuit l'infectiologue, dubitatif. Les allégements sanitaires concernent également les écoles, avec la fin du port du masque dans la cour de récréation dès le retour des vacances d'hiver en fonction des zones, et la demande d'un seul autotest au lieu de trois pour un retour en classe en cas de contamination. "Il ne faudrait pas que des mesures, qui sont prises un peu de façon précipitée, signifient que la vague et l'épidémie sont derrière nous. Puisque ce n'est pas le cas", estime Benjamin Davido.
L'immunité collective attendue pour la fin mars
"L'hôpital a encore des malades", continue l'infectiologue sur Europe 1. "Il faudrait peut-être attendre que les lits d'hospitalisation se libèrent pour pouvoir considérer que la partie est jouée d'avance", ajoute Benjamin Davido, alors que certains CHU, comme ceux de Bordeaux ou de Valenciennes, peinent à trouver des lits.
L'infectiologue de l'hôpital Raymond-Poincaré affirme "qu'à quelques semaines, voire à un moins près, on aurait pu imaginer que l'ensemble de ces mesures, partout en réalité, puissent être levées, la saisonnalité aidant." Et Benjamin Davido d'espérer "l'immunité collective" : "Fin mars, on devrait être dans les conditions d'atteindre cette fameuse immunité collective qui, jusqu'alors, depuis le début de l'épidémie, semblait être une oasis."
Le coefficient de contagiosité inférieur à 1
De son côté, Robert Sabagg salue l'allégement des mesures sanitaires. "On est à un taux d'incidence autour de 1.600. Tous les départements sont en baisse. Et quand on regarde au niveau hospitalier, il y a une baisse en termes de soins critiques, même si ça reste encore au-dessus de 3.000", justifie l'infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, dans l'émission Europe Midi, soulignant que l'activité de son service "a nettement diminué".
Robert Sabagg poursuit : "Ce n'est pas la même chose partout, mais ce sont des cas beaucoup moins graves, et ce sont des personnes qui restent beaucoup moins de temps à l'hôpital." L'infectiologue ajoute également le coefficient de contagiosité du variant Omicron, à 0,7 mi-février, c'est-à-dire que le virus a beaucoup moins de contagiosité. Pour lui, tous ces paramètres vont dans le sens d'un allégement des contraintes, et l'infectiologue espère même une suppression prochaine du pass vaccinal.
Pas de différence "énorme" au restaurant
Si Robert Sabagg maintient toujours un appel à la vigilance, l'infectiologue estime sur Europe 1 qu'il faut effectivement alléger les contraintes, comme le port du masque en intérieur. "Dans les restaurants, on rentre avec le masque, mais dès que l'on est assis, on l'enlève. La différence n'est pas absolument énorme", explique-t-il dans l'émission Europe Midi dimanche.
L'infectiologue Robert Sabagg appelle également à supprimer l'obligation du port du masque dans les cours de récréation des écoles. "C'est un traumatisme pour beaucoup de nos enfants à l'école", souligne-t-il, "enlever le masque en récréation alors qu'on a toujours dit qu'à l'extérieur, le risque de contamination était faible, ça me paraît normal". Cette obligation sera d'ailleurs levée dès le retour des vacances d'hiver en fonction des zones.