Covid-19 : un rassemblement à Paris dénonce les suicides d'internes

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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par Romain David

Une trentaine d'internes et leurs proches se sont réunis samedi devant le ministère de la Santé pour dénoncer leurs conditions de travail, et notamment les horaires à rallonge. Depuis le début de l'année, cinq internes en médecine se sont suicidés.

Un moment de recueillement pour Valentin, Tristan, Florian, ou encore Élise. "Personne n'a su entendre leur souffrance. Personne n'a su écouter leur douleur. Personne n'a pu les aider, les sauver. Aucun de ces jeunes n'a jamais fêté ses 30 ans", a déclaré samedi la mère de la jeune fille, à l’occasion d’un rassemblement d’internes et de proches devant le ministère de la Santé. Fleurs à la main, ils étaient une trentaine en blouse blanche et brassard noir à déplorer des semaines de travail interminables, une pression constante et, parfois, des idées noires qui poussent à l’irréparable.

"On est tellement dans le stress et l'adrénaline, à devoir toujours avancer, toujours tenir, prendre des décisions de vie ou de mort à 4 heures du matin, après ne pas avoir dormi depuis 48 heures, qu’on ne réalise pas que l’on est arrivé à bout", explique auprès d’Europe 1 William, interne à Montpellier. "Il a fallu qu’un copain me fiche un coup de pied au cul pour que j’aille chez le psy", confie-t-il.

"D'un hôpital qui soigne à un hôpital qui tue"

Cette détresse est amplifiée par la pandémie de Covid-19. Depuis le début de l’année, cinq internes en médecine ont mis fin à leurs jours, soit un suicide tous les 18 jours. "Il faut travailler plus dans cette période qui est très particulière, c'est la moindre des choses pour les patients", concède Gaétan Casanova qui préside l'intersyndicale des internes. "Mais la différence entre travailler plus et travailler trop, elle est relativement simple : c’est quand on passe d'un hôpital qui soigne à un hôpital qui tue."

Leur revendication : faire appliquer la loi sur leur temps de travail, à 48 heures par semaine. S’ils ont été reçus et écoutés par le cabinet du ministre de la Santé, ils veulent désormais en parler directement à Olivier Véran.