Covid : trois erreurs de communication du gouvernement décryptées par un spécialiste

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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe Soir, Stéphane Fouks, vice-président d'Havas et auteur de "Pandémie médiatique", revient sur trois erreurs de communication commises par le gouvernement durant la crise sanitaire. Des erreurs qui ont conduit à "nourrir le populisme et la défiance", mais aussi à limiter la vision des Français "à un horizon court".  
INTERVIEW

Il évoque dans son ouvrage un fiasco français. Invité d'Europe Soir, Stéphane Fouks, vice-président d'Havas et auteur de "Pandémie médiatique" (Plon), revient sur ce qui sont, selon lui, des erreurs du gouvernement dans sa communication de crise sur le coronavirus. Trois grandes erreurs ont été commises et ont conduit à "nourrir le populisme et la défiance" à l'en croire : l'infantilisation, le règne de la technocratie et une pratique incohérente du pouvoir. "On a commencé par un mensonge sur les masques, ça a fait tout partir de travers", affirme Stéphane Fouks. 

"On a pris les Français pour des enfants"

"On nous a dit que c'était inutile pour cacher la pénurie [de masques], par peur de la panique, mais aussi parce certains considér[aient] que nous étions tellement bêtes que l'on ne pourrait pas apprendre à porter ce tissu. On a pris les Français pour des enfants et on les a traités en comme tels, à la différence de l'Allemagne qui a fait appel à la responsabilité de chacun." Stéphane Fouks rappelle que Berlin a un bilan de près de 55.000 morts, contre plus de 74.000 pour la France. 

Autre erreur pointée du doigt par le spécialiste : "se tromper dans ce qu'il faut raconter et être obsédé par l'opinion." Dans le pays le plus réfractaire au monde à se faire vacciner, le vice-président d'Havas estime que la stratégie de communication gouvernementale aurait dû se focaliser sur les personnes qui souhaitent recevoir les injections.  "On apprend aux stagiaires en communication que le volume et l'intensité sont deux concepts différents." Dès lors, après avoir explicité que le vaccin ne serait pas obligatoire - faisant ainsi baisser l'intensité au sein de ce groupe - le gouvernement a mis "les 50% restant en colère" en expliquant qu'ils allaient devoir attendre avant de recevoir le vaccin.

Pour le spécialiste, il aurait été simple d'éviter cet écueil en mettant en avant que l'objectif prioritaire est de vacciner un "maximum de Français en un minimum de temps, mais qu'au vu de la difficulté, décision a été prise de commencer par les plus vulnérables".

Trop de médecins dans les médias, pas assez de politiques

Passant rapidement sur le fait que la France n'a pas injecté d'argent, "au contraire de l'Allemagne", pour faire "la promotion de l'application TousAntiCovid", Stéphane Fouks s'attaque à une nouvelle erreur : la place des politiques dans les médias. "Là où il devait y avoir une vingtaine de personnes en charge de la communication gouvernementale, certains ministres ne prennent pas la parole", observe-t-il. Ce qui entraîne de fait une "diminution du volume de ces derniers dans les médias, laissant la place aux médecins. Or, la controverse est dans la nature même de la science, les scientifiques passent leur temps à se disputer et leurs avis évoluent." Là où le bât blesse, c'est que "le gouvernement déclare faire ce que diront les scientifiques", ajoute-t-il. 

Alors que la possibilité d'un troisième confinement se rapproche de plus en plus, cette communication donne "un sentiment de zig-zag" et ne permet pas "aux Français de voir au-delà d'un horizon court qui ont l'impression d'un quatrième et cinquième confinement à venir, alors même qu'avec le vaccin il y a des raisons d'espérer".