Il est le vaccin mal aimé par les généralistes. Tandis que la France a passé la barre des 3,3 millions de doses injectées, le sérum mis au point par AstraZeneca doit venir renforcer le dispositif la semaine prochaine. À partir du 25 février, les médecins de ville auront en effet la possibilité de procéder à des injections du vaccin AstraZeneca sur les 50-64 ans qui présentent des comorbidités. Une étape qui aurait dû faire basculer le pays dans une phase de vaccination de masse. Seulement voilà, les généralistes avaient jusqu'à mercredi soir pour réserver leurs doses auprès d'un pharmacien et moins de 50% d'entre eux l'ont fait. Un succès relatif du vaccin mis au point par le laboratoire britannique et l'université d'Oxford dont Europe 1 décrypte les causes.
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Des effets secondaires chez les soignants
Il y a tout d'abord les effets secondaires qui ont été observés la semaine dernière chez les soignants qui ont reçu leur première injection. L'Agence du médicament (ANSM) en a d'ailleurs relevé 150 chez les personnels de santé, désorganisant de fait certains hôpitaux qui avaient lancé des campagnes de vaccination. Certains établissements ont même suspendu les vaccinations, comme à Saint-Lô, Brest, Morlaix, ou encore dans la capitale. Un phénomène qui a poussé l'ANSM a recommandé d'échelonner les vaccinations dans les hôpitaux pour ne pas clouer au lit tous les soignants en même temps. Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers, affirmait alors sur Europe 1 que "les hôpitaux qui étaient dans la logique de vacciner tout un service un jour donné se sont retrouvés le lendemain avec 15% de l'effectif arrêté".
"Se sont des symptômes grippaux qui arrivent dans 20% des cas", précise de son côté Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des médecins de France. "Il y a quelques personnes avec 39 [de fièvre], mais la plupart ont eu 38 et des courbatures". Des symptômes à relativiser et qui ne sont pas selon lui "un frein".
Les "Rolls" et "le vaccin de seconde zone"
Une autre explication du déficit de popularité de l'AstraZeneca est également à chercher du côté de la concurrence. Le vaccin mis au point par le laboratoire britannique et l'université d'Oxford souffre en effet de la comparaison avec les "Rolls" du domaine : les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna. Leur efficacité culmine à plus de 94% des cas, quand celui d'AstraZeneca affiche une protection entre 60% et 70%. Une efficacité moindre qui donne au sérum britannique une image de "vaccin de seconde zone", selon les mots d'une infirmière qui s'est confiée à Europe 1.
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Une efficacité amoindrie contre les variants
Enfin, l'arrivée des variants a continué de mettre à mal la confiance dans l'AstraZeneca. Car ce dernier semble moins efficace contre les mutations, en particulier le variant sud-africain. D'après une étude menée par l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, le taux de protection du vaccin baisse ainsi de 66% à 22% contre une forme légère de cette mutation. Un résultat qui laisse également présager une faible protection contre les formes graves de ce variant et qui a contribué à ce que l'OMS s'alarme à ce sujet.
>> À SUIVRE EN DIRECT - Vaccins, efficacité, variants... Alain Fisher est l'invité de Sonia Mabrouk à 8h15. Une interview à suivre en direct, en replay, ou sur les plateformes de podcasts.
C'est d'ailleurs le résultat de cette étude qui a poussé le professeur Alain Fisher, le "monsieur vaccin" du gouvernement, à recommander le vaccin Pifzer/BioNTech pour les soignants en Moselle en lieu et place de l'AstraZeneca. Et pour cause, d'après les chiffres l'Agence régionale de Santé du Grand Est, le variant sud-africain représente 35% des contaminations en Moselle, soit 10 fois plus que la moyenne nationale. Une décision logique d'un point de vue sanitaire, mais qui entame encore un peu plus la confiance des soignants dans le vaccin AstraZeneca.