"Négligence" et "imprudence" d'Air France mais pas de charges suffisantes à l'encontre d'Airbus : le parquet de Paris demande un procès devant le tribunal correctionnel contre la compagnie aérienne uniquement, à l'issue de l'enquête sur le crash du vol Rio-Paris qui a fait 228 morts en 2009. Il appartient désormais aux juges d'instruction de décider s'ils suivent ces réquisitions et ordonnent donc un procès pour Air France uniquement.
Les deux entreprises mises en examen en 2011 pour "homicides involontaires"
Le 1er juin 2009, le vol AF447 s'était abîmé dans l'océan Atlantique. Les 228 passagers et membres d'équipages, de 34 nationalités, avaient péri dans l'accident, le plus meurtrier de l'histoire de la compagnie française. Point de départ de la catastrophe : le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot, qui a conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu'au décrochage de l'appareil. Ces sondes ont la forme de petites prises d'air placées sur le nez de l'appareil ou sous les ailes.
Dans cette procédure, qui dure depuis plus de dix ans, les deux entreprises avaient été mises en examen en 2011 pour "homicides involontaires". Dans son réquisitoire daté du 12 juillet, le parquet de Paris considère notamment que la compagnie aérienne "a commis une négligence et une imprudence" en ne délivrant pas à ses pilotes suffisamment d'informations sur la procédure à adopter en cas d'anomalies liées aux sondes qui permettent de contrôler la vitesse de l'appareil, après plusieurs incidents du même genre au cours des mois précédents.
Pas de formation particulière pour les pilotes
Il pointe le fait qu'il n'y avait pas de formation particulière pour les pilotes afin qu'ils sachent traiter les problèmes d'indications de vitesse erronées à haute altitude. "Cette négligence et cette imprudence sont en lien certain avec l'accident, dans la mesure où les pilotes, insuffisamment informés, ont ressenti une forte surprise lors de la déconnexion du pilotage automatique et n'ont pas pu avoir la réaction appropriée", souligne le ministère public.
Sollicités, Airbus et son avocat n'ont pas voulu commenter ces informations. Air France a pour sa part indiqué qu'elle allait "confirmer sa demande de non-lieu dans les observations en réponse qu'elle va adresser aux juges d'instruction".