Débutée mi-mars à l'hôpital Saint-Antoine à Paris après une série d'agressions, la grève des services d'urgences s'étend désormais à plusieurs dizaines d'établissements dans toute la France, 80 selon le Collectif Inter Urgences. Dans certains services, les arrêts maladie se multiplient, infirmières ou médecins urgentistes font des burn out... les signes d'un profond malaise dans la profession.
Un appel à manifester pour dénoncer les conditions de travail
Les personnels hospitaliers sont appelés à manifester jeudi après-midi à Paris. Ils dénoncent leurs conditions de travail qui se dégradent à cause des insultes et des agressions mais aussi de l'augmentation du nombre de patients pris en charge aux urgences. Il est passé de 10 millions en 1996 à 21 millions en 2016, un record sans doute dépassé depuis. Une tension grandissante qui met la vie des patients en danger, selon François Braun, président de Samu-Urgences de France, au micro d'Europe 1 jeudi.
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Une surcharge qui entraîne une surmortalité, selon François Braun
"Parce qu'il y a une surcharge des services d'urgences, il y a une augmentation de la mortalité, jusqu'à 6% supplémentaires selon plusieurs études", assure François Braun. "C'est-à-dire qu'il y a des gens qui vont mourir en plus de ceux qui devaient mourir. On meurt quand on est une personne âgée qui est restée des heures sur un brancard et qui fait des complications." Ces dernières années, plusieurs enquêtes ont été ouvertes après la mort de patients passés par les urgences et qui y ont attendu plusieurs heures.
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"On ne pourra pas passer l'été de façon correcte"
Et cette situation de tension à cause des sous-effectifs devrait encore s'aggraver pendant les mois d'été. "On sait déjà qu'il va y avoir des fermetures de services de médecine dans les hôpitaux [cet été], seulement pour donner des vacances", prévoit le président de Samu-Urgences de France.
Des vacances que les médecins généralistes vont eux aussi s'accorder. "Ils ne vont pas se coordonner et partir tous en même temps", regrette le médecin. "Alors dans le pire des cas, les gens vont attendre chez eux et [leur état] va s'aggraver ou bien ils vont aller aux urgences et cela va augmenter la saturation. Ça signifie que l'on aura des morts dans les services. [Les patients] ne meurent pas aux urgences mais pendant l'hospitalisation par le simple fait d'être resté longtemps aux urgences. On ne pourra pas passer l'été de façon correcte", observe-t-il encore.