Gaspard d’Allens et Lucile Leclair sont les auteurs de l'ouvrage Les Néo-paysans. Ils étaient les invités de David Abiker, samedi matin, sur Europe 1, alors que s'ouvrait dans un climat tendu le Salon de l'agriculture, à Paris.
Durant un an, ils ont sillonné la France pour dresser le portrait de jeunes urbains ayant choisi de partir en milieu rural pour se lancer dans l'agriculture. De cette observation, Gaspard d’Allens et Lucile Leclair ont tiré un essai, publié au Seuil : Les Néo-paysans. Invités de David Abiker, samedi matin dans C'est arrivé cette semaine, ils plaident pour une rupture d'avec les logiques traditionnelles de culture et d'élevage, alors que s'ouvrait le Salon de l'agriculture, sur fond de crise agricole.
Pour Gaspard d'Allens, "la situation est assez catastrophique". "La crise agricole n'est pas simplement conjoncturelle, elle est structurelle", insiste-t-il. Pour le jeune homme, "ce n'est pas en baissant les normes, les cotisations" que l'on va changer les choses. C'est le modèle en lui-même qui est à revoir, assure-t-il. Il faut désormais passer "par une valorisation du produit", avec des circuits courts et des filières de qualité - "le bio se vend nettement mieux glisse-t-il".
Un modèle industriel dans l'impasse. "Un litre de lait se vend le prix d'une demi-cigarette", pointe Gaspard d’Allens qui dénonce : "Les agriculteurs sont la seule profession à vendre leur produit en dessous du coût de production". Une situation "intenable" : en 2015, "600 agriculteurs se sont suicidés", tandis que "200 fermes disparaissent par semaine", insiste le jeune diplômé de Sciences Po. A ses yeux, l'enjeu est donc de "redevenir paysan au sens noble du terme".
Qui sont ces néo-paysans ? Or, ce nouveau modèle agricole, ce sont les néo-paysans qui l'incarnent en partie. "Les néo-paysans, qui ne sont pas fils ou filles de paysans et ont décidé de se convertir sur le tard, vont aller à rebours de ce modèle", explique Gaspard d'Allens. Directeurs de marketing, infirmiers, etc. "Des horizons sociaux multiples" qui constituent un véritable renouvellement de la population agricole : "30% des gens qui s’installent chaque année ne sont pas issus du milieu agricole".
Un nombre croissant de néo-paysans. "Il y a 32.000 départs en retraite pour 13.000 installations", souligne Lucile Leclair qui insiste sur la nécessité d'une relève, "qui viendra en partie de l'extérieur du monde agricole". Une "reconversion" qui va parfois se révéler ardue pour les nouveaux entrants, car il va d'abord falloir "acquérir les savoir-faire nécessaires", précise cette jeune diplômée de Sciences Po ayant travaillé à la Fédération nationale d'agriculture biologique. Mais aussi s'intégrer dans "le milieu agricole", difficile d'accès, "composé de dynasties établies". Toutefois, un mouvement de fonc est en marche. "En 2020, un tiers des agriculteurs seront des néo-paysans", indique Gaspard d'Allens.