C'est l'un des gros dossiers de la rentrée. La loi agriculture-alimentation revient devant les parlementaires mercredi. Elle doit notamment fixer dans le marbre l'objectif de 15% de surface de culture bio en France d'ici la fin du quinquennat, contre 6.5% actuellement.
Mais dans les faits, l'Etat n'aide pas vraiment à tenir la cadence. Alors que le nombre de conversions au bio atteint un niveau record, 4.300 depuis le début de l'année, le paiement des aides pour cette conversion se fait toujours attendre, avec jusqu'à deux ans de retard pour de nombreux agriculteurs.
"Il me reste 60 % à toucher". C'est le cas de Philippe, converti au bio en 2015. Il pensait être serein avec les trois ans d'aides promises par l'Etat pour compenser la baisse temporaire de rendements sur ses champs de maïs et de blé. Sauf qu'il n'a reçu que la moitié de ce argent. "Pour 2016 et 2017, il me reste 60 % à toucher. Il me manque 55.000 euros. C'est quasiment un quart du chiffre d'affaires. J'ai demandé un prêt à la banque", explique-t-il. "C'est une fuite en avant et ça nous met en porte-à-faux".
Aussi, quand il entend que le gouvernement veut plus que doubler la surface cultivée en bio d'ici 2022, avec un milliard d'euros d'aides à la clé, il s'agace. "C'est bien beau de dire ça, mais en attendant qu'ils débloquent les fonds actuels. Arrêtons de dire qu'il faut arroser le bio si derrière on nous abandonne", ajoute Philippe.
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"La réponse politique n'est pas à la hauteur". Ce double discours révolte aussi le président de la Fédération des Agriculteurs Bio, Guillaume Riou, pour qui les explications des services de l'Etat, qui admettent des problèmes informatiques, ne tiennent pas. "Il y a une réponse politique qui n'est pas à la hauteur. Il y a longtemps que l'action politique aurait dû envisager les choses, embaucher des informaticiens et résoudre ce problème", insiste-t-il. "Il semblerait qu'au sein du ministère de l'Agriculture, le bio ne soit pas la priorité. Pour les semaines et les mois qui viennent, il est évident que ça peut mettre en difficulté les fermes qui comporte de l'agriculture biologique. Il est absolument nécessaire que d'ici la fin de l'année les paiements de 2016 et 2017 pour l'agriculture biologiques soient finalisés".
Le directeur de l'Agence du Bio, Florent Guhl, est sur la même ligne. Selon lui, ces retards risquent de casser le mouvement de conversions pour la suite du quinquennat, alors même que le nombre d'agriculteurs passant au bio a atteint un record cette l'année. "L'ambiance autour du versement des aides est en partie un frein aux reconversions", constate-t-il. "Ceci étant, la dynamique est quand même là. Mais on a pris deux ans de retard au démarrage que l'on a toujours à gérer". L'Etat promet en effet de finir de verser à la fin de l'année les aides prévues pour 2016.