C’est la conséquence malheureuse de nos choix de vacances : les espaces protégés souffrent de la sur fréquentation des touristes cet été. La majorité des Français ont en effet décidé de passer leur été dans l'Hexagone du fait de la crise du coronavirus, et découvrent ainsi les bijoux de notre pays. Seulement plusieurs sites naturels ne sont pas faits pour accueillir autant de monde et sont dégradés par l’afflux de voyageurs.
"La destruction de la poule aux oeufs d'or"
"Avoir le maximum de touristes en 2021, c’est prendre le risque de ne plus en avoir en 2022-2023 si l’environnement a été altéré", estime Jean-Pierre Giran, le maire de Porquerolles. Car avec ses plages de sable et son eau turquoise, l'île est un véritable bijou. Un trésor réservé à 200 habitants pendant l’année, mais où des milliers de touristes viennent chaque jour en été. Un phénomène qui s’est accentué avec la pandémie, au point de mettre l'île en danger. "Quand vous avez entre 10.000 et 15.000 personnes sur une île dont la surface est limitée, les conséquences sont le bruit et les déchets qui peuvent s’amonceler. C’est tout ce que l’on connaît quand il y a un excès de fréquentation. Il faut que cette attractivité supplémentaire ne se traduise pas par la destruction de ce qu’on pourrait appeler la poule aux œufs d’or", juge l'édile.
La problématique est la même à Crozon, où la plage de l'île Vierge continue d'attirer les curieux depuis qu'un organisme touristique en a fait en 2014 l'une des plus belles d'Europe. "Monsieur! Vous n'avez pas vu le panneau?!" s'agace pour la énième fois Didier Cadiou, agent municipal chargé de l'environnement pour la commune à l'adresse d'un homme qui vient de franchir la clôture censée empêcher les touristes de se rendre sur la fameuse petite crique située en contrebas d'une falaise de grès. "Ce site, tout à fait magnifique, a été mis en valeur par des journaux étrangers" et "tout le monde veut désormais voir l'île Vierge", regrette Patrick Berthelot, le maire de Crozon, qui dit faire désormais de "la contre-publicité" pour la plage, fermée au public depuis mai 2020 pour cause de dégradations.
"Aux touristes de s'adapter"
Cet été, le maire de Porquerolles a donc pris la décision de limiter l'accès à l'île à 6000 visiteurs maximum chaque jour. Une nécessité de juguler ce tourisme vert partagé par Michaël Weber, président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France, qui ont aussi vu leur fréquentation augmenter cette année. "On ne peut que se réjouir de cet intérêt pour la nature, mais en même temps, il faut avoir conscience que ce tourisme ne se pratique pas comme le tourisme de masse que l’on peut connaître notamment en bords de mer. C’est une pratique nouvelle, à laquelle il faut éduquer tous ceux qui se posent dans ces territoires là", affirme-t-il avant d'insister : c'est à ces nouveaux touristes verts de s’adapter aux sites qu’ils visitent, et non l’inverse.