Les recrues étrangères du groupe Etat islamique ont un niveau d'éducation plus élevé qu'attendu, indique une étude de la Banque mondiale publiée mercredi et réalisée à partir de données internes de l'organisation djihadiste.
Les recrues de Daech ne sont pas "parmi les pauvres et les moins bien formés". "Nous avons trouvé que le groupe État islamique n'est pas allé chercher ses recrues étrangères parmi les pauvres et les moins bien formés, mais plutôt le contraire", constate la Banque mondiale dans ces travaux basés sur la fuite de données internes de Daech portant sur 3.803 recrues. Il s'agit d'informations concernant le pays de résidence, la nationalité, le niveau d'éducation ou encore les expériences précédentes dans le djihadisme et la connaissance de la charia, ont indiqué les auteurs de cette étude consacrée plus largement à la situation économique de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
"Ces personnes sont loin d'être des illettrées". "L'une des découvertes les plus importantes est que ces personnes sont loin d'être des illettrées", constate la Banque mondiale qui estime que ces données apportent "un éclairage" sur le profil des combattants de Daech. La plupart des recrues, pour la période de 2013 à 2014, "assurent avoir une formation secondaire. Une partie importante a poursuivi ses études jusqu'à l'université", précisent les chercheurs de l'institution internationale, qui fixent à 27,4 ans la moyenne d'âge des effectifs étrangers de l'EI.
Selon les données, 43,3% ont effectué des études secondaires, 25,4% sont allés à l'université. Seulement 13,5% ne sont pas allés au-delà de l'école primaire et 1,3% s'est déclaré illettré, le reste (16,3%) n'a pas donné d'information sur leur formation. "Les recrues du groupe Etat islamique provenant d'Afrique, du sud et de l'est de l'Asie et du Moyen-Orient sont significativement plus éduquées que leurs compatriotes. La grande majorité affirme avoir eu un emploi avant de rejoindre l'organisation", explique la Banque mondiale.
La marginalisation "paraît être un risque de radicalisation". Selon l'étude, les recrues se sont rendues en Syrie avec des objectifs "divers". "Certaines souhaitaient apporter leur aide à l'administration de l'organisation, d'autres arrivaient avec le désir de mettre un terme à leur vie en se mettant à leur service et d'autres voulaient simplement se battre", souligne l'étude. "La proportion de ceux souhaitant participer à des tâches administratives, mais aussi celle de candidats au suicide augmente avec le niveau d'éducation", explique l'étude. L'étude arrive à la conclusion que la marginalisation "paraît être un risque de radicalisation", pointant du doigt "le chômage" comme une des causes de l'engagement auprès de EI.