Entre 1943 et 1945, ils ont été envoyés de force en Allemagne pour y travailler au service de l'Etat nazi. D'anciens membres français du STO ont décidé de demander réparation. Lundi, la première chambre civile du tribunal de grande instance de Paris va étudier leur demande, rapporte Le Parisien.
Quatre hommes et une vingtaine d'héritiers. Le TGI va examiner la demande de quatre anciens participants du STO ainsi que celle d'une petite vingtaine d'héritiers, représentant de ceux qui sont morts depuis. Il s'agit d'une procédure inédite devant la justice française, une précédente tentative devant les prud'hommes ayant échoué.
Le STO c'est quoi ? Le Service de Travail Obligatoire a été créée par le régime de Vichy à la demande de l'Allemagne, dans un contexte de collaboration avec les Nazis. Pierre Laval, à la tête du gouvernement français en 1942, s'engage à envoyer outre-Rhin 150.000 travailleurs, en échange du retour en France de 50.000 prisonniers de guerre français. Mais Berlin finalement ne respecte pas cet accord, exigeant toujours plus de bras français et le laissant rentrer des prisonniers qu'au compte-gouttes. Le STO, lui, devient obligatoire à partir de 1942 pour les nombreux jeunes Français et les réfractaires sont sanctionnés.
A partir de 1944, l'Allemagne exige de la France qu'elle lui envoie aussi toutes les femmes de 18 à 45 ans sans enfants ainsi que les tous les hommes de 16 à 60 ans dont la présence dans l'Hexagone n'est pas jugée vitale pour l'économie française. Les historiens estiment qu'environ 600.000 Français ont été contraints pendant ces années de guerre d'aller travailler en Allemagne, dont 200.000 qui l'auraient fait volontairement.
100.000 euros. Me Emmanuel Ludot va réclamer à l'Etat allemand pour ses clients la réparation d'un préjudice estimé à 100.000 euros. "Le STO doit être assimilé à de l'esclavage. C'est un crime contre l'humanité, donc imprescriptible. Le profit tiré de cet esclavage par l'Etat allemand entre 1943 et 1945 s'analyse comme un recel de ce crime", explique-t-il. La 1ere chambre civile du tribunal de grande instance rendra sa décision dans quelques semaines.