Elle est la femme la plus recherchée de France. Hayat Boumeddiene, la veuve d'Amedy Coulibaly, l’un des auteurs des attentats de Paris en janvier 2015, a confirmé se trouver en Syrie, dans des écoutes révélées par Mediapart, mardi. Elle confie même s’y sentir très heureuse.
Partie de France avant les attentats. La jeune femme, âgée aujourd’hui de 28 ans, a quitté la France le 2 janvier 2015, à bord d’un vol Madrid-Istanbul. Si un billet de retour était programmé le 9 janvier, soit le jour de la prise d'otages à l’Hyper Cacher de Vincennes, Hayat Boumeddiene n'a jamais pris cet avion. Le 8, le jour de la tuerie de Montrouge, où une policière municipale avait été tuée, les autorités turques l'ont en effet vue passer la frontière vers la Syrie.
Premiers appels en avril 2015. Moins de quatre mois plus tard, RTL révèle qu’elle vient d’appeler ses frères et sœurs sur leurs téléphones portables, leur confirmant qu’elle se trouve bien sur un territoire contrôlé par l’État islamique, sans toutefois préciser exactement où. Durant ces conversations, elle nie toute implication dans les attentats de janvier. D’après elle, Amedy Coulibaly lui aurait imité de partir en Syrie, une semaine avant les attentats ayant frappé Paris début janvier 2015, assurant qu'il allait la rejoindre ensuite.
Depuis un téléphone turc. La DGSI obtient alors le branchement du téléphone turc duquel émanent les appels. Pour quatre mois d’abord, avant que ces écoutes ne soient prolongées à deux reprises. Le 31 mai, les services de renseignement captent ainsi de nouveaux échanges, entre 18h18 et 18h38. Hayat Boumeddiene commence par contacter son oncle. "T’es où, maintenant ?", lui demande-t-il. "Moi, je suis en Syrie", répond la jeune femme, qui insiste sur le fait qu’elle va bien.
Elle dément être enceinte. À une de ses sœurs biologiques, la veuve du terroriste précise qu’elle ne s’est pas remariée et qu’elle n’est pas enceinte, alors qu’une rumeur, relayée dans plusieurs médias au lendemain des attentats, laissait supposer d’une grossesse au moment des événements.
"C'est mieux que ce que j'imaginais". Dans une autre conversation téléphonique, Hayat Boumeddiene ne cesse de s’enthousiasmer sur sa vie en Syrie. "C’est trop trop bien ! C’est mieux que ce que j’imaginais", confie-t-elle par exemple auprès de sa sœur adoptive. "Là où je suis, c’est sécurisé. C’est très, très bien. Tu sais quoi : tu vis mieux ici qu’en France, franchement !", continue-t-elle. Le 26 avril 2016, après un an d’écoutes, la DGSI décide finalement de mettre un terme à l’interception téléphonique. Selon une source judiciaire, la fugitive n’aurait plus donné signe de vie depuis septembre 2015.