Dans la région de Marmande, dans le Lot-et-Garonne, l'heure est à la décrue, samedi matin. La hauteur de la Garonne est désormais autour des six mètres après avoir dépassé les dix mètres dans la nuit de mercredi à jeudi. Vendredi, Jean Castex a survolé la région en hélicoptère et, sur place, le Premier ministre a souhaité que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré dans les plus brefs délais, pour favoriser l'indemnisation. Il faut dire que les habitants de la région n'avaient pas vu un tel spectacle de désolation depuis quarante ans.
Beaucoup ont en effet tout perdu. Si une route de Marmande est enfin dégagée, tout autour, des quartiers de la commune sont encore inondés. Ici, l'eau redescend très doucement. La décrue laisse apparaître l'importance des dégâts dans les maisons.
"Je n'ai plus rien !"
Électroménager noyé, affaires couvertes de boue.… "Tout est mort", se désole Joël. "On n'a rien pu sauver, on a tout mis à un mètre de hauteur, mais l'eau est montée jusqu'à 1m80. Il faut attendre que tout baisse. On ne peut pas voir tout ce qui est foutu. On ne trouve plus les chiens et j'ai dû récupérer mes poules à la nage."
" La chambre de mes enfants a été noyée "
Cette famille soudée n'avait jamais connu une crue de cette ampleur. "La chambre de mes enfants a été noyée. Qu'est-ce qu'on va nous donner ? Rien. Il va falloir qu'on économise des années pour remettre les affaires en ordre", déplore Mélissa. "Si les digues n'avaient pas lâché, on n'aurait jamais eu tant d'eau. On sait que l'eau monte ! L'année dernière, on a eu l'eau à 70 cm, mais entre 70 cm et presque deux mètres de hauteur, il y a une différence. Regardez mes affaires, j'ai perdu ma machine à laver, mon sèche-linge, mon lit. Je n'ai plus rien !", dit-elle, sous le choc.
"Ça ne nous était jamais arrivé en 18 ans", assure quant à elle Véronique, habitante de Fourques-sur-Garonne. "On avait subi des petites crues qui arrivaient au portail ou dans la cour, mais pas comme ça. On a fait tellement d'aménagements. On a des souvenirs… C'est chez nous."
Le maire veut "comprendre"
"Il faut regarder comment sont les digues maintenant qu'elles ont moins de pression", indique pour sa part le maire de Marmande, Joël Hocquelet. "Il faut être très attentif aux rives du fleuve, parce que c'est toujours au moment de la décrue qu'il peut y avoir des effondrements." Dans tous les cas, "il faudra comprendre comment la crue s'est déroulée pour être meilleur la prochaine fois", se projette-t-il.
Dans la région, tous les habitants comptent désormais sur la réactivité des assurances et espèrent un passage rapide des experts. Mais samedi, beaucoup iront encore faire leurs courses en barque.