Famille ukrainienne 1:26
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Benjamin Peter , modifié à
Deux familles ukrainiennes sont arrivées le 14 mars dans des foyers de la petite commune de Saint-Agnan, dans le Tarn. Malgré la barrière de la langue, elles ont pu effectuer toutes les démarches administratives et bénéficient du soutien de la population qui fait tout pour rendre leur séjour agréable.
REPORTAGE

"Ce sont les enfants du village", résume Brigitte Parayre. C'est elle, la maire de cette petite commune de 350 habitants qui a pris l'initiative d'accueillir chez elle ces familles. Habituée à passer des vacances en Moldavie, elle ne se voyait pas rester sans rien faire. Ils sont arrivés le 14 mars d'Odessa, éreintés par des jours de voyages à travers la Roumanie, la Hongrie et l'Allemagne, mais depuis l'acclimatation se passe bien. "Ils n’avaient qu’un sac de supermarché comme seul bagage", explique Brigitte. "Des habitants sont venus leur apporter des vêtements. Le fait d'être dans un petit village, c'est peut-être plus facile. Tout le monde sait qu'ils ne parlent pas français. C'est comme un petit cocon. On va les protéger et je crois qu'ils en ont bien besoin."

En dix jours, il a fallu faire toutes les démarches pour leur autorisation de séjour, s'assurer que leur permis de conduire sera valable en France. "Pendant, un an, Irina, la maman, va pouvoir conduire sans autre procédure. Ça va nous permettre de lui prêter une voiture", explique Brigitte. "Ils vont pouvoir être autonomes." Pour favoriser leur autonomie, des habitants du village ont également proposé de leur prêter leur appartement qui n'est actuellement pas occupé.

"Difficile d'avoir une vie normale"

Leria, qui est âgée de 4 ans et demi, a pu rejoindre la classe de maternelle de l'école du village. Elle accueille tous les Français qu'elle aperçoit d'un "Bonjour !" : le premier mot qu'elle vient d'apprendre. Pour Inna, sa maman, elle s'est très bien adaptée à son nouvel environnement et a été formidablement accueillie par les autres enfants de l'école. "C'est une enfant très sociable et qui a très rapidement trouvé un langage commun avec les autres enfants", se réjouit-elle. "Nous avons de la chance d'avoir trouvé des gens si gentils qui nous soutiennent beaucoup et nous traitent très bien. Leur soutien est notre force."

Elle souhaiterait travailler rapidement. "C'est inhabituel pour nous de rester assis à ne pas travailler pendant si longtemps", décrit la jeune femme qui travaillait à Odessa dans une boulangerie. Un artisan boulanger qui habite le village s'est déjà montré intéressé par son profil. "Les deux mamans nous ont expliqué qu'elle ne souhaitaient pas travailler plus de 14 heures par jour et six jours par semaine comme en Ukraine", s'étonne Thierry le compagnon de Brigitte. "Il a fallu leur expliquer qu'en France la législation n'autorisait pas à faire autant. Elles ont eu du mal à comprendre."

"C'est difficile d'avoir une vie normale ici"

Lui, porte une attention particulière à ce qu'ils se sentent bien pour penser à autre chose qu'aux traumatismes de la guerre. "Ça ne fait que dix jours qu'ils sont là, donc on n'arrête pas, mais c'est super et on les sent déstressés et reposés." Ils ont passé un après-midi à Toulouse, ont fait quelques pas dans la neige en Andorre. Leria a pu intégrer un club de natation à Gaillac, quant à Dima qui est adolescent, il a rapidement été adopté par le club de football de Saint-Agnan. "J'ai aimé jouer au foot avec eux", explique Dima. "Mais c'est difficile d'avoir une vie normale ici. Nous ne comprenons pas le français, c'est une culture différente, mais la France est très accueillante et c’est un très beau pays."

Lui, parle quelques mots d’anglais, mais pour les autres la communication est très difficile et se fait presque exclusivement grâce aux applications de traduction automatique de leurs téléphones portables. Leur objectif est désormais d'apprendre rapidement le français pour là aussi être autonomes le plus vite possible. Leurs familles sont restées en Ukraine, notamment le papa de la petite Leria qui est militaire. Tous prennent des nouvelles de leurs proches chaque jour par internet. "La plus grosse angoisse, c'est qu'il arrive quelque chose à un membre de leurs familles", s'inquiète Brigitte Parayre. "Comment va-t-on réussir à les soutenir en ne parlant pas la même langue. C'est ma seule crainte. Le reste ça ira tout seul."