C'est un lundi matin morose sur le Vieux Port de Marseille. Coronavirus oblige, bars et restaurants ont fermé leurs portes à minuit pour au moins 15 jours. Chaises et tables empilées les unes sur les autres, comptoirs vides, portes closes : la citée phocéenne s'est réveillée lundi sans café où s'installer prendre un expresso ou un thé. Et la veille, les Marseillais ont essayé tant bien que mal de profiter de leur dernière soirée, comme Europe 1 a pu le constater.
Olivier, patron d'un établissement, n'a même pas attendu l'heure limite pour fermer sa terrasse. Son restaurant était presque vide et il n'a pas voulu s'éterniser. "On est un peu triste. On ferme, on vide, on nettoie. On jette du poisson, de la viande", explique-t-il, amer de la décision des autorités sanitaires.
"Il fait froid, c'est triste"
Certains ont dansé toute la soirée pour profiter le plus possible, d’autres ont préféré boire un dernier verre entre amis. "Il fait froid, c’est triste. On est tous déçus", regrette un client. Un autre se dit déjà "nostalgique". Dans certains bars, la musique a retenti encore un peu après minuit. Mais la police n’est pas venue, histoire de ne pas envenimer les choses dès le premier soir.
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Une clémence qui ne durera pas, explique toutefois Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité à la mairie de Marseille. "Ces mesures s’imposent à nous aujourd’hui. Il faudra assurer la mise en place de ces mesures sur le territoire."
A l'annonce de la fermeture, certains gérants avaient affirmé qu'ils resteraient ouverts malgré l'interdiction. Dans ces cas-là, les agents municipaux n'hésiteront pas à sévir, poursuit-il. "Ils effectuent leur travail depuis le début. Depuis le 1er août ils ont effectué près de 32.000 sensibilisations, et appliqué près de 500 verbalisations depuis le 1er septembre."
Une manifestation dans le centre-ville
Reste que Lundi matin sur le Vieux Port, les terrasses sont bel et bien restées fermées. Mais pour les gérants, l'arrêté préfectoral ne passe toujours pas. "Il y a beaucoup de frustration face aux confrères qui peuvent ouvrir alors qu'ils travaillent à quelques kilomètres d'ici", confie Matthieu, patron d'un bar-tabac du 13eme arrondissement. Le préfet a en effet autorisé l'ouverture des établissement de 15 communes des environs.
Et les restaurateurs ne comptent pas abandonner la bataille. Une cinquantaine d'entre eux ont manifesté lundi dans les rues de Marseille. "Manifester, c'est tout ce qu'il nous reste pour le moment", expliquaient-ils. "On n'a que ça à faire, manifester", confirme à Europe 1 Léo, restaurateur dans le quartier du Panier. "On ne peut pas ouvrir, on ne peut pas aller contre. On obéit, on exécute, mais on est quand même là."
"Pourquoi Marseille ? comment on va faire, on va fermer boutique ? ils veulent quoi, notre mort ?", interroge-t-il encore.