Comme plus d'un jeune sur trois à Aulnay-sous-Bois et 3,47 millions de Français, Awa, 23 ans, est au chômage. La proposition de cinquante députés LREM de créer des emplois francs dès 2018 dans les quartiers prioritaires de la ville pourrait l'intéresser : "Si l'entreprise dit qu'en me prenant, elle a moins de charges, pourquoi pas ! Ça va être bénéfique pour eux, mais surtout pour nous qui cherchons du travail", espère la jeune diplômée. Deux conditions sont nécessaires pour bénéficier de cette prime, qui doit normalement entrer en vigueur en 2020 : l’entreprise doit d'abord embaucher un chômeur de catégorie A, c'est à dire qui n'exerce aucune activité. Le demandeur d’emploi doit ensuite habiter dans une zone considérée comme un quartier prioritaire, au nombre de 1.500 dans toute la France.
"Ça ne va pas nous inciter à embaucher". Pour les chefs d'entreprise, tout n'est pourtant pas qu'une question d'argent, alors que le montant de la prime est fixé à 15.000 euros sur trois ans pour un CDI, ce qui permet d’effacer les charges au niveau d’un Smic. "Ça ne va pas nous inciter à embaucher quelqu'un. On va plutôt se demander si la personne répond à une demande. Si nous n'avons personne qui parle anglais, même si on nous dit qu'on nous paye le salaire et qu'on a rien à débourser, on ne va pas embaucher, car la personne ne correspondra pas à nos attentes", affirme Jacques Josselin, patron d'une société de logistique médicale installée depuis 2013 en Seine-Saint-Denis. Lui a recruté six personnes en CDI depuis la création de l'entreprise, et demande plutôt la mise en place d'une nouvelle politique de formation pour créer des emplois.
Deux pistes pour réduire le coût de la mesure. En attendant la réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage, les députés macronistes proposent que la mise en œuvre de cette prime soit progressive, afin de ne pas trop peser sur les finances publiques. Au ministère du Travail, on précise que c'est une proposition intéressante en cours d'expertise.
Deux pistes sont à l'étude pour réduire la facture : commencer par certaines agglomérations ou départements, ou plafonner le dispositif à un nombre situé entre 15.000 20.000 embauches l’an prochain. D'après les calculs des parlementaires LREM, la mesure coûtera 50 millions d’euros en 2018. Une somme selon eux finançable sur le budget du ministère du Travail. De quoi teinter de social un budget marqué pour l’instant par la suppression de l’ISF.