Dans un collège des Mureaux, un professeur organise des cours d'arbitrage (Illustration) 1:45
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Louise Salle
Brice Parinet mène une double vie : professeur d’histoire-géo la semaine, il troque sa tenue d'enseignant pour le sifflet d'arbitre assistant le week-end en Ligue 1. Et dans sa classe de 4e, il enseigne également l’arbitrage, deux heures par semaine. Un "prétexte" pour faire de l’éducation morale et civique, et pour transmettre des valeurs : parité, équité, justice et confiance en soi. 
REPORTAGE

Les journées de l’arbitrage ont lieu en ce moment dans toutes les fédérations sportives, jusqu’au 30 octobre. L’occasion de parler d’un arbitre atypique. Professeur d’histoire-géo la semaine aux Mureaux, dans les Yvelines, au collège Jules Verne, Brice Parinet court sur le terrain le week-end en tant qu’arbitre assistant de ligue 1. Il mène, à 34 ans, une double vie. 

Dans sa classe de 4e, il enseigne également l’arbitrage. Un "prétexte", dit-il, pour faire de l’éducation civique dans cet établissement classé REP+, l’échelon maximal de l’éducation prioritaire. Les élèves y sont sélectionnés en fonction de leur motivation : 12 filles et 12 garçons, qui apprennent le respect des règles et de l’autre, la justice, l’écoute ou encore la confiance en soi. 

Cours d'improvisation, dans la peau d’un arbitre

Lorsque le cours commence, pas un bruit, sauf la voix de Brice Parinet. Les élèves l'écoutent bouche-bée, les yeux écarquillés, fascinés par cet enseignant qui leur parle la langue du foot. "On va faire un petit jeu, on va se mettre un peu dans la situation d'un arbitre", annonce le professeur.  Au milieu de la salle, chacun son tour, les élèves improvisent un rôle d’arbitre. L’intérêt : s’interroger sur ce que l’on doit dire en arrivant au stade. Mamoudou est le premier élève à se lancer. “Bonjour, je m’appelle Mamoudou”, commence-t-il en s’avançant vers Brice Parinet, qui l’accueille fictivement sur un terrain de football. 

"Bonjour, Monsieur l’arbitre, je suis Brice Parinet", répond l’enseignant. "J’espère que la rencontre va bien se passer. Puis-je connaître la position de mon vestiaire ?", demande l'élève. "Alors, qu’est-ce qui ne va pas ?", reprend Brice Parinet en se tournant cette fois-ci vers l'ensemble de la classe. "Il ne regarde pas dans les yeux !", répond un collégien. "Oui !", s’exclame le professeur. 

"On apprend à se respecter entre nous"

Les conseils de Bruce Parinet sont loin de se limiter au sport : "Imaginez que quand vous arbitrez, vous êtes un peu un ambassadeur des Yvelines", conseille le professeur. "Et retenez une chose, qui vous servira tout le temps : vous n’aurez qu'une seule bonne occasion de faire une bonne première impression", insiste-t-il. Dans quelques mois, les ados participeront à une compétition d’arbitrage départementale. Ils sont très motivés… Conscients que cette expérience les fait grandir. "Ça change un peu des cours, ça fait plaisir de passer du temps à l'école, et de parler de quelque chose qu'on aime", s’enthousiasme un garçon. "Ça nous apprend à être plus respectueux, et à se respecter entre nous", ajoute un autre.

"Et surtout, on apprend que ce n'est pas parce qu'on est une fille, qu'on ne peut pas arbitrer ni jouer au foot", tient à préciser une élève. Au fond de la classe, à côté d’une affiche de foot et entre deux planisphères, un grand portrait de Samuel Paty. Preuve que bien des valeurs sont transmises pendant ces cours.