"L'affaire Sauvage" a connu son épilogue, mercredi. Graciée par François Hollande, Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de détention pour le meurtre de son mari violent, est finalement sortie de prison, entourée de ses filles. Depuis sa condamnation en première instance, en 2014, le cas de la sexagénaire avait fait l'objet de plusieurs décisions de justice, sur fond de mobilisation contre les violences conjugales. Retour sur les temps forts de ce dossier.
10 septembre 2012 : Jacqueline Sauvage, 64 ans, tue son mari de trois coups de fusil dans le dos, alors qu'il est assis dans le jardin de leur petit pavillon près de Montargis, dans le Loiret. Depuis 47 ans, l'homme la bat, maltraite leurs enfants et viole ses filles. La veille, le fils, également victime des violences de son père, s'était suicidé.
28 octobre 2014 : La cour d'assises du Loiret condamne Jacqueline Sauvage à dix ans de réclusion pour meurtre. Durant le procès, les trois filles du couple ont pourtant témoigné contre leur père, évoquant leur "soulagement". "Maman n'avait pas le choix", explique l'une d'entre elles sur Europe 1.
3 décembre 2015 : La cour d'assises du Loir-et-Cher confirme en appel les dix ans de prison. "La légitime défense n'est absolument pas soutenable. Aux violences de son mari, elle aurait dû répondre par un acte proportionné, immédiat et nécessaire", juge l'avocat général alors que les avocates de Jacqueline Sauvage avaient réclamé l'acquittement, appelant à "repousser les limites de la légitime défense appliquée aux situations de violences conjugales".
25 janvier 2016 : Après la condamnation en appel, plusieurs manifestations de soutien à Jacqueline Sauvage sont organisées à Paris, notamment à l'appel de collectifs féministes. Une pétition en ligne rassemble 430.000 signatures. Un comité de soutien est créé avec Anne Hidalgo, maire de Paris, l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit et le dirigeant du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon pour réclamer sa "libération immédiate" et "la révision de la loi sur la légitime défense". À droite, Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet soutiennent également la cause de Jacqueline Sauvage.
Je soutiens pleinement Jacqueline Sauvage. Je suis bien sûr prête à m'engager aux côtés de ses soutiens. #LeGrandJury
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 24 janvier 2016
31 janvier 2016 : Le président François Hollande accorde une grâce "partielle", qui réduit la peine de Jacqueline Sauvage de deux ans et quatre mois et lui permet de présenter une demande de libération conditionnelle. "Le président de la République a voulu, face à une situation humaine exceptionnelle, rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de Mme Sauvage à sa famille", explique la présidence.
12 août 2016 : Le tribunal d'application des peines (TAP) de Melun rejette la demande de libération conditionnelle, reprochant à Jacqueline Sauvage "de ne pas assez s'interroger sur son acte". "Il est précisé qu'elle ne peut prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui, compte tenu des soutiens dont elle bénéficie, risquerait de la maintenir dans une position victimaire", expliquent ses avocates. Six jours plus tard, ses conseils indiquent qu'elle ne fera pas appel, "épuisée de l'acharnement judiciaire à son encontre". Mais le 21 août, coup de théâtre : Jacqueline Sauvage dépose finalement un appel de ce jugement. Son comité de soutien réduit son activité publique, craignant de lui nuire.
24 novembre 2016 : La cour d'appel de Paris rejette à son tour la libération conditionnelle, reprochant à Jacqueline Sauvage de continuer à se poser en victime. Le parquet général ne s'était pourtant pas opposé à un aménagement de peine. L'intéressée renonce à un pourvoi en cassation. Quelques jours plus tard, ses filles déposent à l'Élysée une demande de grâce totale de leur mère. Le 9 décembre, François Hollande transmet une telle demande au ministère de la Justice, indiquant qu'il prendra sa décision sur la base de son avis.
28 décembre 2016 : François Hollande accorde à Jacqueline Sauvage "une remise gracieuse du reliquat de sa peine d'emprisonnement", qui "met fin immédiatement à sa détention". "Le président de la République a estimé que la place de Jacqueline Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille", selon le palais présidentiel. Quelques heures après cette annonce, la sexagénaire sort de prison.