C'est un destin, pris entre deux pays, celui d'un petit garçon : Wassim. Atteint d'une leucémie impossible à soigner en Algérie, ses parents décident de l'emmener en France pour tenter de le sauver. Une histoire racontée par l'écrivaine Elisabeth Bourgois, dans le livre L'espérance du retour, sur laquelle revient Christophe Hondelatte jeudi.
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"J’ai pu visiter cet hôpital, j’ai été ahurie". Wassim a à peine un an, mais Yacine et Khedidja Addi constatent que leur enfant porte quelques symptômes inquiétants. Wassim est mou, souvent pale, fatigué. Il s'écroule tellement il est épuisé. Les médecins généralistes, que les parents consultent, ne décèlent rien de grave. Finalement, un jour, après une énième poussée de fièvre, Khedidja va voir un autre médecin. Son diagnostic est beaucoup plus alarmiste. Wassim doit être emmené aux urgences pédiatriques.
Après de nombreux examens, le terrible verdict tombe : Wassim est atteint de leucémie. Il doit être admis le plus rapidement possible au centre anti-cancer El Hassi d'Oran, dans le nord du pays. Sur place, Yacine et Khedidja Addi déchantent. Wassim est hospitalisé dans un dortoir sinistre, sale, les barreaux de son lit sont rouillés. Pire, il y a des chats partout, qui laissent des crottes sous les lits des malades. L'hygiène est catastrophique. "J’ai pu visiter cet hôpital, j’ai été ahurie en tant qu’infirmière", confie Elisabeth Bourgois.
Lorsque Yacine et Khedidja demandent à un des médecins s'il soignerait son enfant ici, le professionnel de santé répond : "Non ailleurs, à l'étranger, ils auront plus de moyens. Mais d'ici, nous ferons tout ce qu'il faut pour sauver Wassim."
Le départ pour la France. Un mois après leur arrivée à El Hassi, le bilan sanguin de Wassim est correct. Mais pour le sauver, il lui faut une greffe de moelle osseuse. En Algérie, une telle opération est impossible sur un enfant de moins de 5 ans. Seule solution : l'étranger.
Yacine et Khedidja envoient le dossier médical de Wassim en France et Belgique. Ils essuient plusieurs refus, avant que le CHU de Rouen et le professeur Vannier prennent en charge Wassim. À leur arrivée en France, premier soulagement. Le jeune garçon n'est pas atteint d'une leucémie de type LAM5, mais de type LAM2. C'est donc moins grave que prévu.
La greffe. Au CHU de Rouen, Wassim part de nouveau dans une série de chimiothérapies. Après dix jours en chambre stérile, les nouvelles sont plus que bonnes. L'enfant est en rémission. Selon le médecin, il a "60% de chances de s'en sortir complètement". Par crainte d'une rechute, Yacine et Khedidja restent tout de même en France, au moins un an. L'avenir leur donnera malheureusement raison puisque Wassim fait une rechute. Cette fois-ci, les cellules cancéreuses ont pénétré le liquide céphalo-rachidien et le cerveau. Une greffe de moelle osseuse est nécessaire.
La greffe arrivera, douze mois après le diagnostic. Wassim va faire une très mauvaise réaction, sera emmené en réanimation, mais une fois de plus, le courage de ce petit bonhomme et de sa famille lui permettront de s'en sortir, malgré les avis des médecins. "Aujourd'hui, tout le monde est toujours à Rouen. Le petit Wassim va beaucoup mieux", confie Elisabeth Bourgois. Mais la famille doit attendre 2021, un délai certain, pour être sûr que la greffe a totalement réussie. "Les parents attendent d'avoir une signature de la préfecture qui les autorise à avoir un droit de séjour par titre humanitaire", souligne l'écrivaine, "pour le moment, ils n'ont aucun statut."