C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Pour faire adopter la réforme des retraites, la Première ministre Élisabeth Borne a activé l'article 49.3 à l'Assemblée nationale, déclenchant la colère des députés de gauche. Une colère perceptible dans les rassemblements qui sont nés spontanément après cette décision, notamment place de la Concorde à Paris, en face de l'hémicycle. Si des débordements ont éclaté, ce n'est pas une surprise pour le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, invité d'Europe 1 Matin Week-end.
"On avait alerté le président de la République. Dans un courrier où on demandait à être reçu, nous évoquions noir sur blanc une situation explosive", souligne le syndicaliste au micro de Lénaïg Monier. "Personne ne pourra nous dire ou nous rétorquer que nous n'avons pas alerté le président", enchérit-il, sans évoquer le nom d'Emmanuel Macron. Concédant qu'"en marge des manifestations, il y a des problèmes", Philippe Martinez estime que les dernières grandes mobilisations contre le projet de loi se sont tenues "de bonne façon, dans le calme, avec des slogans précis contre l'âge de 64 ans".
"L'intersyndicale est toujours aussi solide"
Ce vendredi toutefois, des dégradations ont été observées place de la Concorde. Pour le leader de la CGT, cela est dû au 49.3, "un passage en force, un déni de démocratie. La population, en tout cas le monde du travail, a réagi instantanément, mais à l'appel d'ailleurs dans bon nombre d'endroits, des organisations syndicales, à ce coup de force du président de la République".
Philippe Martinez confirme au micro d'Europe 1 une poursuite des mobilisations pour mettre la pression sur le gouvernement. Selon lui, "l'intersyndicale est toujours aussi solide". "Nous avons appelé de façon intersyndicale à des rassemblements, des manifestations ce week-end, et à une grande journée de mobilisation la semaine prochaine", rappelle-t-il, tout en précisant que les différents syndicats ont la possibilité d'organiser ses propres actions. "C'est l'originalité : on fait les choses ensemble, et puis chaque organisation est indépendante pour agir". C'est dans ce cadre-là que Philippe Martinez appelle à renforcer les grèves reconductibles dans l'énergie, les ports ou encore le secteur du pétrole.