La date inquiète de nombreux parents : le 11 mai, dans une semaine, une partie des élèves va faire son retour à l'école, dans la limite maximale de 15 enfants par classe. Pour l'heure, de nombreux détails logistiques restent à régler au niveau local. Mais au-delà des contingences techniques, il faut en premier lieu qu'enfants et parents abordent ensemble sereinement cette échéance. Le pédopsychiatre Louis Véra donne sur Europe 1 quelques conseils pour faciliter le retour en classe, ou le maintien à la maison.
Ne pas faire reposer la décision sur le souhait de l'enfant
Le retour à l'école va se faire sur la base du volontariat. Doit-on pour autant permettre à son enfant de décider lui-même s'il veut revenir en classe ? "Plutôt que de demander aux enfants s'ils veulent retourner à l'école, il faut préparer la semaine prochaine en parlant avec eux de ce qu'ils ressentent", répond Louis Véra, qui exerce à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière, à Paris. "On est stressés, ils sont stressés, c'est le moment d'évacuer les émotions avant le retour vers un peu plus de socialisation. On va leur demander s'ils appréhendent et si oui, ce qui les stresse : mal appliquer les gestes barrières, le retour en classe, les notes ? C'est comme ça, peut-être, qu'on arrivera à prendre une décision."
Rassurer les enfants stressés
"Si un enfant est très angoissé par l'idée de revenir à l'école, il ne faut pas le forcer", affirme Louis Véra. "Ensuite, il faut le rassurer. Bien souvent, ils ont peur de mal appliquer les gestes barrières. Il ne faut pas stresser de faire de fautes. Globalement, il ne faut pas se mettre la pression, tout en restants prudents" sur les protocoles sanitaires à appliquer pour permettre un retour serein dans les établissements.
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"Il y a deux catégories d'enfants", poursuit le spécialiste. "Il y a les anxieux, qui sont plus à risque pour faire une phobie scolaire, mais ils sont peu nombreux. Il y a aussi les stressés, qui vont être rassurés par les habitudes et la perspective de reprendre un cadre. Depuis des semaines, ils ont intégré la nécessité de garder les distances, de se laver les mains, et ils ne vont pas développer une phobie scolaire pour autant. Ça va être une rentrée stressante, et donc il faut se donner les premiers jours pour reprendre les marques, en y allant tranquillement."
Féliciter les enfants qui ne rentreront pas à l'école
Lundi, c'est logique, tous les enfants ne retrouveront pas le chemin de l'école : "Il faut d'abord féliciter tous les enfants pour leur courage et leur patience", estime Louis Véra. "Ceux qui ne vont pas y retourner, il faut leur expliquer qu'ils participent à lutter contre la propagation du virus. Un retour à l'école réussi, c'est un retour à l'école où on n'est pas dans des classes surchargées. Les enfants qui vont rester à la maison participent comme les autres à cet effort. Il faut la jouer collectif", insiste-t-il.
"Les enfants qui vont rester à la maison n'ont pas à culpabiliser, car leur tâche est tout aussi difficile. Ils permettent à l'école de faire une phase de rodage jusqu'en juillet et de faire une rentrée moins fébrile et moins stressante en septembre."
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Ne pas s'inquiéter pour les retards
Le système scolaire fonctionne au ralenti depuis le vendredi 14 mars, date de la dernière journée de présence des élèves dans les classes. Si, depuis, une partie des cours a été assurée à distance, l'apprentissage a bien sûr été plus compliqué.
"Les élèves en difficulté doivent revenir à l'école", souligne Louis Véra. "Ça va être bien pour eux d'être en petits groupes pour travailler et reprendre des notions. Ceux qui ne sont pas des décrocheurs auront certes un peu moins appris et ralenti le rythme, mais n'auront pas forcément perdu beaucoup en termes d'apprentissage. Cette période leur permet d'apprendre d'autres choses pendant ce temps."
Commencer à préparer la rentrée de septembre
Jusqu'à la fin de l'année scolaire, les établissements vont fonctionner au ralenti, dans des conditions dégradées. Mais enseignants et parents sont invités à préparer d'ores et déjà la rentrée de septembre. L'écueil principal serait d'abord, selon Louis Véra, de faire travailler les enfants tout l'été pour causer chez eux un "burn out des devoirs".
Mais il faudra "remettre la machine en marche fin août", "une dizaine de jours avant la rentrée scolaire" avec par exemple le fameux cahier de vacances, "pour ne pas avoir le cerveau complètement liquéfié" au 1er septembre. Et bien démarrer une année scolaire 2020-2021, que beaucoup espèrent moins perturbée.