Terrasses, salles de sport, couvre-feu... Emmanuel Macron a dévoilé jeudi un calendrier du déconfinement en quatre étapes, qui devrait s'accélérer entre le 19 mai et le 30 juin malgré une situation sanitaire fragile. "Les prochaines semaines, nous allons construire ensemble le chemin qui nous ramènera à la vie normale", a affirmé le chef de l'Etat jeudi soir sur twitter, en détaillant les "étapes" annoncées. Un retour à la normalité qui semble toutefois précipité à certains professionnels de santé. "Le risque, c’est qu’avec une reprise trop rapide des activités sociales, la diminution du nombre de cas soit très lente", met en garde Mircéa Sofonéa, épidémiologiste à l’université de Montpellier, au micro d'Europe 1.
Dans "le pire des cas", cette reprise pourrait même engendrer un rebond épidémique, prévient-il. "Si cette reprise s’accompagne d’un enthousiasme collectif, par ailleurs tout à fait compréhensible, l’épidémie pourrait remonter." Les soignants appellent également à la prudence. "Gare à la précipitation", a averti jeudi la fédération hospitalière de France dans un communiqué. "La réalité des indicateurs de suivi de l'épidémie doit nous alerter collectivement sur les risques d'un déconfinement précipité."
Des "mesures freins" insuffisantes ?
Le plan de déconfinement présenté par Emmanuel Macron comprend quatre étapes, étalées sur les mois de mai et juin. Le couvre-feu sera maintenu à 19 heures du 3 au 19 mai et sera ensuite décalé à deux reprises, à 21 heures le 19 mai et à 23 heures le 9 juin avant d'être enfin être supprimé le 30 juin. En ce qui concerne les bars et restaurants, ils pourront rouvrir leurs terrasses dès le 19 mai puis leurs parties couvertes le 9 juin, avec à chaque fois des tables de six personnes maximum et un protocole sanitaire adapté.
Le chef de l'Etat a néanmoins prévenu que les réouvertures ne pourront avoir lieu que si la situation sanitaire le permet. Des mesures de freins "s’appliqueront dans une métropole ou un département en fonction de trois critères : le taux d’incidence qui dépasserait à nouveau 400 infections pour 100.000 habitants, une augmentation très brutale de ce taux et une menace de saturation des services de réanimation."
Pour Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon à Paris, ces critères restent insuffisants. "Peut-être que ça va se stabiliser mais je ne vois pas par quel miracle", a-t-il affirmé jeudi sur RTL, ajoutant que la prise de décision était selon lui "de plus en plus écartée de la logique scientifique".