Au sein du gouvernement, tous les violons ne sont pas accordés sur la distance minimale réglementaire à adopter entre les zones d'épandage de pesticides et les habitations, après la suspension de l'arrêté du maire de Langouët établissant une distance de 150 mètres entre cultures et population. Selon les informations d'Europe 1, cette question fait actuellement l'objet d’âpres discussions entre les équipes de Didier Guillaume et d’Elisabeth Borne. Au ministère de la Transition écologique, on avance timidement une distance de 100 mètres autour des habitations. Mais au ministère de l’Agriculture, "on est plutôt entre 3 et 5 mètres grand maximum", confie à Europe 1 un conseiller qui participe aux négociations.
C'est de cette position que se rapprochent le plus la FNSEA et sa présidente Christiane Lambert, invitée d'Europe 1 mardi matin. "Il ne faut surtout pas 150 mètres, c'est une fois et demi un terrain de foot. Cette longueur-là de friche, évidemment que c'est non", refuse-t-elle d'abord. "Une solution doit être trouvée."
La FNSEA ne veut pas d'"un texte national, descendant et homogène partout"
La présidente du premier syndicat agricole souligne l'intérêt de chartes de bonne utilisation de ces pesticides. "On est capables de dire qu'on [les agriculteurs, NDLR] peut descendre et aller au près des haies, des filets et des équipements que nous aurons installés mais il faut tenir compte des pratiques locales. Quand vous avez des vignes et que les viticulteurs utilisent des panneaux récupérateurs, on est capable de dire que même à un mètre, ça ne crée pas de difficultés. On est partis sur du manichéisme", dénonce-t-elle avec "un texte national, descendant et homogène partout". "Il faut que les chartes départementales prévalent sur une distance arbitraire."
"Ce que je souhaite, c'est que la distance qui va être proposée dans l'arrêté, pour l'instant posée à 10 mètres pour les cultures hautes et 5 mètres pour les cultures basses, puisse être réduite dès lors que dans les chartes d'engagement, il y a des efforts qui sont faits et acceptés localement par les acteurs", explique-t-elle. "Tout ne se décrète pas depuis Paris", prévient-elle.
"80 millions d'euros" de manque à gagner avec la sécheresse
La FNSEA pour une réduction poussée de la distance dans l'arrêté du gouvernement : plus elle serait grande, plus la zone impossible à cultiver serait étendue. "Cette zone de non-culture va représenter jusqu'à 15% des surfaces pour certains agriculteurs", alerte Christiane Lambert. "Qui va la payer ? La perte de revenus, qui la prend en charge ? Il faut aussi poser cette question-là, on raisonne économiquement."
Ce problème s'ajoute à celui, déjà criant, de la sécheresse dans une majeure partie des départements français. Selon les calculs de la FNSEA, les manques à gagner représentent "plus de 80 millions d'euros perdus par l'agriculture française", note la présidente du syndicat agricole. "Le moral est très bas et les revenus vont être catastrophiques. Le chaudron est en ébullition dans beaucoup d'endroits et indéniablement il y aura des réactions des agriculteurs", avertit Christiane Lambert sur notre antenne.