La sonnerie du téléphone résonne encore et encore. Au bout du fil : des démarcheurs. Ces derniers cherchent à vendre à leurs interlocuteurs des panneaux photovoltaïques, des abonnements téléphoniques et autres rénovations de toiture. De quoi agacer des millions de Français.
Fin janvier, l'UFC Que choisir, une association de défense des consommateurs, a lancé une pétition pour demander aux pouvoirs publics et notamment à la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), d'agir pour limiter ces pratiques. Pour étayer ses propos, l'association a mené une enquête auprès de 12.000 personnes. Et les chiffres qu'elle révèle sont criants.
Un Français sur deux appelé tous les jours. 47 % des personnes interrogées par l'association rapportent être appelées tous les jours au téléphone pour des propositions commerciales non désirées. En moyenne, les Français sont appelés quatre fois par semaine par des sociétés dont ils ne sont pas clients (à 96 %), précise UFC Que choisir.
Les plus adeptes de la méthode sont les sociétés qui proposent des travaux pour la maison (68 %), les entreprises du secteur de l'éolien ou solaire (55 %), des fournisseurs d'énergie (42%) mais aussi des assureurs, des opérateurs internet ou mobile ainsi que des associations caritatives.
Les portables aussi. Les appels surviennent avant tout sur les téléphones fixes, précise l'étude. Mais ceux qui ont jeté leur vieux téléphone ne sont pas épargnés pour autant. 32 % des personnes interrogées disent également être contactées sur leur portable.
Vive la cantine. Ceux qui sont susceptibles de passer entre les mailles du filet téléphonique sont ceux qui ne mangent pas à domicile. 71 % des sondés constatent être appelés sur la pause déjeuner, précise l'étude. Ils sont 45 % à dire être "harcelés" en début de soirée.
Bloctel ne bloque pas tout.La plateforme mise en en place par l'Etat en juin pour protéger les particuliers contre le démarchage téléphonique, baptisée Bloctel, promettait de stopper cette pratique. En France, près de 3 millions de particuliers s'y sont inscrits depuis juin. "Je garantis que cela va marcher", avait assuré Martine Pinville, la secrétaire d'Etat chargée du commerce. Bloctel fonctionne comme une liste rouge. Les principales différences étant que les entreprises risquent des amendes en cas de démarchage et que les particuliers peuvent signaler à la DGCCRF le numéro et le nom de la société harceleuse.
Mais dans les faits, si 60 % d'inscrits à Bloctel constatent une légère diminution du nombre de démarchages, ils disent toutefois continuer à entendre leur téléphone sonner. Et seulement 18 % des particuliers interrogés inscrits à ce service estiment que le nombre de démarchages a beaucoup baissé. "Auparavant je recevais cinq à sept appels par jour sur mon téléphone fixe", constate Christian, inscrit sur Bloctel depuis l'été dernier. "Aujourd'hui c'est en moyenne deux à trois appels ".
Peu de sanctions. Le problème, c'est que pour le moment la DGCCRF n'a enquêté que sur une vingtaine de numéros signalés comme étant à l'origine d'appels abusifs, a précisé en décembre Martine Pinville. Ces signalements ont conduit pour le moment à deux sanctions administratives.
Pour l'UFC Que choisir, ce n'est pas suffisant. "Il faut passer à la vitesse supérieure contre cette pression commerciale subie par des millions de consommateurs", martèle l'association qui réclame des contrôles plus fréquents et l'instauration d'un système d'identification de ce type d'appel au moyen d'un indicatif. Elle souhaite aussi que les particuliers puissent plus facilement signaler les numéros les ayant démarchés. Selon leur enquête, 29 % des inscrits à Bloctel ayant souhaité effectuer la démarche ont trouvé la procédure trop complexe.