Ils appellent les dealers à "déposer les armes". Indignés par une succession de règlements de comptes sanglants, un groupe de militants et d'habitants des quartiers nord de Marseille espère susciter une prise de conscience avec une campagne d'affichage appelant les dealers à "déposer les armes". "Trop jeune pour mourir", proclame, au dessus d'une trace de main ensanglantée, l'affiche qu'Hassen Hammou et Haouaria Hadj-Chik, deux membres de ce collectif, placardent sur un panneau d'affichage de la cité de la Bricarde. Au total, 2.000 affiches ont été imprimées, que les membres de ce collectif ont commencé à placarder début septembre sur les murs des cités déshéritées de la ville.
26 morts depuis le début de l'année. Dans la région marseillaise, 26 personnes ont été tuées par arme à feu depuis le début de l'année, le plus souvent de jeunes hommes retrouvés criblés de balles dans ce qui est considéré comme des règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants par les policiers. Ce bilan est en forte hausse par rapport à 2015 et s'est nettement détérioré ces dernières semaines, avec six victimes en août et quatre en septembre. "Nous voulons nous adresser aux jeunes des quartiers" tentés de travailler pour les trafiquants de drogue, explique Hassen Hammou. Il faut "montrer à ces jeunes que ceux qui font la vie de leur quartier, les travailleurs sociaux, se soucient et se préoccupent de la situation", ajoute celui qui raconte avoir décidé de passer à l'action après la mort de l'un de ses amis d'enfance, retrouvé dans le coffre d'une voiture en feu fin août au nord de la ville.
Les règlements de compte nous oblige a réagir a #Marseille je réuni un collectif pr une campagne de sensibilisation pic.twitter.com/PsgzDOEvR4
— Hassen Hammou (@HammouHassen) 3 septembre 2016
Le poids des dealers dans les quartiers. Le collectif, qui revendique une dizaine de membres, se veut apolitique et veut rassembler des Marseillais de tous horizons. Hassen Hammou est entrepreneur, engagé chez Les Républicains, Haouaria Hadj-Chik est travailleuse sociale et conseillère départementale communiste. "Les jeunes pensent qu'il est presque normal de se balader avec une arme", regrette Haouaria Hadj-Chik, qui entend alerter également sur le "désengagement" des pouvoirs publics et la précarité dans les quartiers populaires. Avec ces affiches, "on occupe l'espace, on ne baisse pas les bras", ajoute-t-elle. Malgré la bonne volonté du collectif, Hassen Hammou reconnaît qu'un campagne d'affichage pourra difficilement contrer l'influence "des dealers dans les quartiers" : "Eux financent des tournois de foot, proposent aux jeunes de les payer pour faire le 'chouf' (guetteur)...", regrette-t-il, son simple pinceau enduit de colle à la main.