"Depuis la mort de ma fille, il y a eu 108 victimes de plus", témoigne le père de Julie, 35 ans, tuée par son ex-conjoint

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Laetitia Drevet , modifié à
La fille de Lucien Douib a été tuée par son ex-conjoint le 3 mars 2019 en Corse. Très investi dans les discussions du grenelle contre les violences conjugales, il expose ses attentes au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

"Il faut peut-être que je meure pour qu'on m'entende et qu'on me croit." C'est le constat glaçant fait par Julie, 35 ans, tuée par son ex-conjoint le 3 mars 2019 en Corse. Alors que s'achève lundi le Grenelle contre les violences conjugales, son père, Lucien Douib, témoigne sur Europe 1. 

Les deux enfants de Julie, 8 et 10 ans, habitent désormais avec lui. Ce qui l'oblige à rester en contact avec l'ex-conjoint. "Il garde l'autorité parentale. On a fait la demande de destitution, on verra ce que ça donne", explique-t-il. Depuis neuf mois, il souhaite de faire suivre psychologiquement les deux enfants, mais pour cela, il faut l'accord du père. C'est d'ailleurs l'une des mesures qui pourrait être annoncée par Edouard Philippe lundi : enlever d'office l'autorité parentale aux conjoints violents. 

Menaces de mort

Lucien Douib demande aussi une meilleure prise en charge des victimes, et un suivi judiciaire plus approfondi. Avant sa mort, Julie s'était rendue à la gendarmerie à plusieurs reprises. "Elle a eu affaire à des gens qui ont pas voulu écouter ce qu’elle avait à dire." Lucien Douib aussi a porté plainte contre l'ex conjoint, pour menaces de mort à son encontre. Le lendemain, Julie, venue au commissariat pour le même motif, s'est vue répondre que ce n'était "pas la peine", puisqu'une plainte de son père avait déjà été enregistrée. 

Comme un tiers des femmes victimes de féminicide, Julie a été tuée par balle. Pour Lucien Douib, il est urgent d'agir sur les armes à feu, en retirant systématiquement les leurs aux conjoints violents. "Il faut des propositions efficaces, mais surtout, il faut qu'elles soient mises en vigueur tout de suite, pas dans un ou deux mois", estime-t-il. Car pour lui, il y a urgence à agir : "Chaque jour qui passe, une femme qui peut disparaître. Depuis la mort de ma fille, il y en a eu 108 de plus."