La ministre de la Justice Nicole Belloubet a rencontré jeudi l'équipe de Rive pour "Recherche et intervention sur les violences extrémistes", un dispositif expérimental de déradicalisation en milieu ouvert lancé il y a un an par le gouvernement dans le plus grand secret.
"Il faut agir." "On a un véritable défi devant nous qui est de travailler avec des personnes engagées dans un processus de radicalisation violente. Le processus mis en place est extrêmement intéressant", a déclaré la garde des Sceaux, à l'issue d'une visite des locaux parisiens de Rive. "Nous avons autour de 500 détenus très radicalisés et 1.500 personnes en voie de radicalisation. Donc il faut agir", a dit la ministre, expliquant son choix de communiquer sur ce dispositif, "un parmi d'autres existant en France".
La particularité de ce dispositif est qu'il prend en charge en milieu ouvert, à la demande d'un juge, des personnes déjà condamnées ou en attente de leur jugement, pour une infraction en lien avec une entreprise terroriste ou du fait d'un signalement pour radicalisation violente.
Quatorze personnes - huit hommes et six femmes - sont suivies au minimum pour un an, par une équipe d'éducateurs, psychologue, référent religieux ou psychiatre. Le suivi est individuel, à raison d'au moins six heures par semaine les premiers mois, mêlant entretiens, aide à la réinsertion. Le lien est établi avec la famille, les entretiens réalisés aussi bien dans les locaux de Rive que dans le quartier ou au domicile de la personne prise en charge, accompagnée dans ses démarches administratives.
Les retours sont "très positifs". L'exact contre-pied de précédentes expériences, qui consistaient à regrouper en prison les détenus impliqués dans des dossiers djihadistes, soit pour les évaluer, soit pour les isoler au sein de quartiers dédiés. "L'objectif, a expliqué Samantha Enderlin, directrice de Rive, c'est le désengagement de la violence extrémiste. Pour cela, nous favorisons le mentorat, la mise en place d'une relation de confiance dans une prise en charge sur mesure, en complément de l'action des services de probation et d'insertion (SPIP)". Et pour l'instant, les retours sont "très positifs", a-t-elle ajouté, se refusant à donner le moindre détail, pour ne pas compromettre la relation de confiance bâtie et pour des raisons de sécurité.