À marée basse, les prés salés verdoyants s’étendent à perte de vue. Dans ce décor de carte postale, dans la baie du Mont-Saint-Michel, se trouve un troupeau de 350 moutons et, cachée derrière la végétation, la bergerie en bois de François Cerbonney, bâtie il y a douze ans. "Si elle disparaît, je disparais avec", lance François Cerbonney, propriétaire de la bergerie.
Une bergerie essentielle à la biodiversité du lieu
L'affaire dure depuis plus d’une décennie. Un berger, reconnu comme l'un des meilleurs éleveurs en prés salés de la baie du Mont Saint-Michel, est poursuivi en justice par une association écologiste. Elle lui reproche d'avoir enfreint la loi littorale en construisant un abri pour ses agneaux. La justice l’a condamné à démonter sa bergerie.
L'avenir des agneaux est désormais menacé. Pourtant, ils sont indispensables à la biodiversité. "Si les agneaux ne paissent pas sur les herbues, les pâturages sont envahis de certaines herbes", explique François Cerbonney. Le problème : ces herbes "étouffent les autres espèces et empêchent les oiseaux migrateurs de se poser", détaille l’éleveur.
"Il ne faut pas que ce soit la porte ouverte à d’autres projets"
Et le berger a le soutien de la maire de Genêts, Catherine Brunorine. Elle assure "défendre l’activité ancestrale des vaches, des moutons sur les prés salés". Mais nuance-t-elle, l’élevage doit être "encadré pour que ce ne soit pas la porte ouverte à d’autres projets qui pourraient avoir lieu".
C'est précisément ce pourquoi l’association écologiste Manche nature a porté plainte douze années auparavant. "Si M. Cerbonney n’a pas été touché, pourquoi viendrait-on détruire une nouvelle construction ? Ce qui nous inquiéterait, c’est que quelqu’un qui utilise la même stratégie et construise illégalement", explique Alain Milien de l'association Manche nature.
Seules les autorités locales peuvent ordonner la destruction de la bergerie. La maire et le préfet actuels soutiennent François Cerbonney. Une sorte de répit, comme un sursis pour le berger et ses moutons.