C’est l’ouverture, cette semaine, du dernier Synode sur la synodalité, autrement dit du débat sur l’avenir de l’Église. Cette réunion d'évêques, cardinaux, religieux et religieuses, mais aussi d’hommes et femmes laïcs (plus de 350 personnes), commence par une "retraite spirituelle". Celle-ci est organisée les 30 septembre et 1er octobre, au Vatican.
Lancé en 2021 par le Pape François, ce grand travail de réflexion s’inspire des propositions des catholiques du monde entier pour faire évoluer l'Église. Au menu, notamment, de cette dernière étape : la place des femmes et des laïcs, et la façon dont la pyramide hiérarchique verticale du Vatican peut davantage "s'aplatir" pour mieux s’adresser aux croyants. Afin de préparer les débats, le Pape a envoyé des questionnaires dans chaque diocèse, et des fidèles lui ont soumis leurs idées. C’est le cas des paroissiens de Notre-Dame-de-l’Espérance, à Paris, dans le 11e arrondissement.
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"Des femmes à des postes de responsabilités"
Dans cette église, les paroissiens élisent leur "équipe d’animation pastorale", à la tête de laquelle s’investissent plusieurs femmes. Préparation des messes, activités pour les jeunes, catéchisme, dialogues avec les associations et autres religions… Alors pourquoi ne pas leur donner plus de place, se demande Antoine, 64 ans, curé de la paroisse Notre-Dame-de-l’Espérance.
"Un ami prêtre m’a dit : 'Quand j'ai commencé à être prêtre, les femmes avec lesquelles je travaillais étaient toutes des femmes au foyer… Et je vois qu'aujourd'hui, toi, tu travailles avec des femmes qui ont des compétences professionnelles extraordinaires'", rapporte Antoine. "Comme les entreprises qui sont heureuses d'avoir des femmes à des postes de responsabilités élevées, l'Église doit faire de même, elle en a besoin", poursuit-il.
"Adapter la messe et son vocabulaire"
Caroline, 51 ans, a co-animé le travail de réflexion des paroissiens et synthétisé toutes les propositions qui ont ensuite été envoyées à Rome, pour le synode.
"Vous êtes dans une Église qui est vieillissante", affirme-t-elle. "C'est aussi sur ça qu'il faut réfléchir : est-ce que, finalement, une heure de messe avec des mots qui ne sont pas compréhensibles pour les plus jeunes, il ne faudrait pas les adapter à la culture du monde dans lequel on vit ?", s’interroge Caroline.
"Une Église de vérité" pour en finir avec les abus
Marie-Cécile, 76 ans, veut, elle aussi, du changement… Mais pas non plus de "renversement". "Il n'y a pas besoin de prêtrise des femmes… Personnellement, je ne suis pas quelqu’un de moderne pour ça !", sourit-elle. "Mais sur les abus sexuels, ce qui surprend toujours, c'est le silence de l'Eglise", regrette Marie-Cécile. "Pour l'Abbé Pierre, tout le monde savait, mais on n'en parlait pas", renchérit-elle. "Donc il est important d’avoir une Église de vérité", espère cette paroissienne.
Le Vatican rendra ses conclusions fin octobre, après un vote du texte final par les participants : des évêques, notamment, et des femmes.