Des femmes sans-abri hébergées à la mairie de Paris : "On a surtout besoin d'hébergements pérennes"

Symboliquement, deux salons de réception de l'Hôtel de ville de Paris, soit 750 m2, accueilleront exclusivement des femmes sans-abri.
Symboliquement, deux salons de réception de l'Hôtel de ville de Paris, soit 750 m2, accueilleront exclusivement des femmes sans-abri. © JOEL SAGET / AFP
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Marguerite Lefebvre, Claudia Bertram et Thibauld Mathieu , modifié à
Si elles applaudissent globalement les annonces d'Anne Hidalgo, dimanche dans le "JDD", les associations d'aide aux sans-abri estiment que leur combat est encore loin d'être gagné. 

Plus qu'un appel à la mobilisation, c'est une promesse forte. Dans un entretien au Journal du dimanche, la maire de Paris Anne Hidalgo s'engage à ouvrir 700 places d'hébergement d'urgence d'ici à début 2019, alors que près 3.000 sans-abri avaient été dénombrés dans les rues de la capitale, en février dernier.

L'Hôtel de ville ouvrira ses portes aux femmes. Plusieurs mairies d'arrondissement ont déjà décidé d'ouvrir leurs locaux. C'est le cas dans le 4ème et le 5ème arrondissement notamment. Des tribunaux d'instance, vides depuis le déménagement aux Batignolles, seront également réquisitionnés. Symboliquement, deux salons de réception de l'Hôtel de ville de Paris, soit 750 m2, accueilleront exclusivement des femmes sans-abri.

Un accueil de jour et des dortoirs pour la nuit. "Une cinquantaine de femmes pourront y dormir", précise sur Europe 1 l'adjointe des solidarités à la Mairie de Paris, Dominique Versini, ce chiffre pouvant même atteindre une centaine de personnes en cas de grand froid. "Il y aura aussi un accueil de jour et d'autres femmes pourront donc venir se reposer, prendre une douche, voir un travailleur social…", détaille encore Dominique Versini. Des repas y seront par ailleurs servis et des soins prodigués.

Entendu sur europe1 :
Le principal, c'est que les femmes SDF soient rassurées

"Je suis soulagée qu'on nous entende". "Enfin", souffle Anne Lorient, ancienne sans-abri qui travaille désormais auprès d'associations. "Je suis soulagée qu'on nous entende. Le principal, c'est que les femmes SDF soient rassurées, qu'elles aient un lieu où elles peuvent venir et être en sécurité. Si on garantit à ces femmes qu'elles seront reçues par d'autres femmes et qu'elles pourront enfin fermer les yeux pour dormir, loin des agressions sexuelles, ça va les rassurer", applaudit-elle, avant de rappeler qu'une femme sans-abri est violée "toutes les huit heures dans les rues de Paris".

"C'est un bout du chemin". Si une partie de l'opposition voit surtout une opération de communication dans cette annonce, pour le patron du Samu social, Eric Pliez, il ne s'agit pas d'un simple affichage. "Ce n'est pas l'aboutissement mais c'est un bout du chemin, puisqu'on a évidemment encore beaucoup trop de monde dehors", note-t-il sur Europe 1.

Le message est le même pour Florent Gueguen, le directeur de la Fnars, la Fédération des acteurs de solidarité : "C'est une initiative intéressante parce qu'elle donne un signal politique, elle lance la mobilisation. C'est bien d'ouvrir des lieux temporaires, mais on a surtout besoin de lieux d'hébergement pérennes, où les gens peuvent rester toute l'année".

Un élu réclame des petites structures. Le député Agir de Paris Pierre-Yves Bournazel, potentiel candidat aux municipales 2020, réclame quant à lui de plus petites structures pour prendre en charge les sans-abri : "De manière structurelle, ce qui est le plus important, c'est que l'État, les associations et la Ville de Paris travaillent ensemble pour des petites unités à taille humaine, qui permettent de s'occuper individuellement de ces personnes dans leurs démarches de santé, de recherches de logements, pour se réinsérer socialement...", plaide-t-il, toujours sur Europe 1.

L'"échec" de l'État. Concrètement, les mesures annoncées par Anne Hidalgo devraient être déclenchées à partir de fin novembre. Dans le JDD, la maire de Paris lance par ailleurs un grand appel, aux entreprises notamment, pour mettre à disposition des locaux vacants. En juillet 2017, le président Emmanuel Macron avait proclamé qu'il ne  voulait "plus personne dans les rues, dans les bois" d'ici "la fin de l'année". Avant de reconnaître, sept mois plus tard, en février 2018, qu'il avait "échoué".