On ne compte plus les appels lancés aux "gilets jaunes" pour qu'ils ne reconduisent pas leur mouvement samedi, quelques jours seulement après l'attentat du marché de Noël de Strasbourg qui a fait au moins trois morts. Mais certains sont bien décidés à ne pas se faire dicter leur conduite.
Les forces de l'ordre "n'ont qu'à se mettre en arrêt maladie". "Ce n'est pas parce qu'il y a du terrorisme que l'on doit arrêter les 'gilets jaunes' ! Ça n'a aucun rapport", s'agace Marie, postée sur le rond-point de Lanester, dans le Morbihan. La "gilet jaune" rejette en bloc l'argument selon lequel les forces de l'ordre sont déjà trop mobilisées sur la gestion de la menace terroriste pour, en plus, devoir s'occuper de la sécurisation de "l'acte 5" de la mobilisation. "Les forces de l'ordre, c'est leur boulot ! Et ils n'ont qu'à se mettre en arrêt maladie !", argue-t-elle. Selon Marie, la priorité du pays n'est pas de lutter contre le terrorisme. "On se bat pour des droits !"
Patrick la rejoint entièrement. "La menace terroriste, ce n'est pas à nous de la gérer. C'est très triste, mais regardez le nombre de personnes qui décèdent aujourd'hui par rapport à la pauvreté qu'on a en France", soutient-il.
>> De 7h à 9h, c'est deux heures d'info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici
Des défections mais "on n'arrête pas le mouvement". Pour le troisième samedi consécutif, un car affrété par les "gilets jaunes" de Lorient va rallier Paris, malgré quelques défections. "Des gens ont dit 'nous, on n'y va pas, parce qu'on a peur qu'il y ait un attentat, ou pas respect par rapport à ce qui s'est passé à Strasbourg'. Mais le mot d'ordre reste le même : on n'arrête pas le mouvement", affirme André Bourlard, l'un des responsables dans le pays de Lorient.
"Je ne peux pas lâcher". À Avignon, ce n'est pas tant le terrorisme qui occupe les esprits des "gilets jaunes" que le drame qui les a touchés dans la nuit de mercredi à jeudi. Vers 00h30, l'un d'eux, âgé de 23 ans, est mort après avoir été percuté par un poids-lourd à un rond-point près d'une sortie d'autoroute. Max était présent. "On s'est jeté sous un camion parce qu'il ne fallait pas qu'il passe. On était quatre devant le camion, ça aurait pu être moi", réalise-t-il. Pour autant, malgré le traumatisme, il reste déterminé à poursuivre sa lutte. Il martèle : "Je ne peux pas lâcher, j'ai 50 bonhommes derrière moi. On ne lâchera pas."