Lundi dernier, lors de ses vœux pour 2019, Emmanuel Macron appelait les Français à "l'unité retrouvée". Trois jours plus tard, "La France en colère", du nom du groupe Facebook réunissant des milliers de "gilets jaunes", parmi lesquels les médiatiques Éric Drouet et Priscillia Ludosky, a voulu lui répondre dans une lettre ouverte, publiée sur les réseaux sociaux. Une façon de lancer l'acte 8 du mouvement, samedi prochain à Paris.
Un nouveau week-end de mobilisation. La manifestation, qui débutera à 14 heures dans la capitale, a été déclarée à la préfecture. Une marche de femmes "gilets jaunes" est également prévue le lendemain, à partir de 11 heures. Et "La France en colère" prévient : "La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux, des sans dents, des gens qui ne sont rien".
Ils dénoncent "une répression sans aucune retenue". Dans leur lettre, les "gilets jaunes" dénoncent notamment une "répression sans aucune retenue sur l’ensemble des lanceurs d’alertes et des citoyens de ce pays", après l'arrestation jugée arbitraire d'Éric Drouet, mercredi soir près des Champs-Élysées. "Pourquoi trouvez-vous nécessaire de placer préventivement en garde à vue des milliers de citoyens qui convergent vers Paris, capitale du monde libre et des droits de l’homme, dans le seul but de montrer leur désapprobation pacifique de votre politique ?", interrogent-ils.
Le grand débat, "un piège politique". Emmanuel Macron est évidemment très critiqué dans cette lettre, qui sert de base à une allocution prévue samedi. "Vos actes et vos paroles vous ont clairement discrédité et sont hautement condamnables au regard des droits de l’homme", dénoncent clairement ses signataires, qui fustigent aussi le grand débat national, qui doit formellement débuter mi-janvier. La consultation est ainsi décrite comme "un piège politique pour tenter de noyer" d'autres sujets tels que le référendum d'initiative citoyenne (RIC), "la mise en place d’une baisse significative de toutes les taxes et impôts sur les produits de première nécessité, et enfin, une baisse significative de toutes les rentes, salaires, privilèges et retraites courantes et futures des élus et hauts fonctionnaires d’État".
"Nous demandons justice pour nos revendications". "Nous demandons justice pour nos blessés et nos morts, victimes directes ou collatérales. Nous demandons justice pour nos revendications. Nous demandons la mise en place de médias vraiment indépendants qui nous fassent droit et reconnaissent enfin nos mobilisations et nos souffrances face aux outils répressifs et médiatiques que vous avez mis en place pour nous museler", réclament-ils encore.
Appel à être reçus par Macron. Ces "gilets jaunes" demandent malgré tout à être reçus par le président de la République afin de reprendre les négociations : "Changez d’attitude et accueillez-nous autour d’une table pour discuter", pressent-ils ainsi, avant d'appeler les Français à se rassembler "comme les simples citoyens qu’ils sont, sans gilets jaunes, sans armes face aux grenades et aux matraques". L'appel sonne cependant davantage comme un défi lancé à l'exécutif : "Nous verrons si vous continuerez à battre les enfants, jeunes, vieux, femmes et hommes de France".