Les coulisses des défilés sont parfois moins glamour que les podiums, comme le montre une polémique autour de mannequins forcées d'attendre des heures dans un escalier lors d'un casting pour une grande griffe, à l'occasion de la Fashion Week parisienne.
Cent-cinquante mannequins dans le noir. Déjà critiquée pour le très jeune âge et la maigreur de ses mannequins, l'industrie de la mode est de nouveau épinglée à la suite de l'affaire révélée par le directeur de casting américain, James Scully. Sur Instagram, cet "insider" a accusé lundi deux de ses concurrents de se livrer à un traitement "sadique et cruel" envers des modèles dans un "post" largement partagé. Plus de 150 mannequins ont été coincées dans un escalier et laissées un moment dans le noir avant de passer les sélections pour le défilé Balenciaga, selon James Scully, citant des témoignages.
"Le pire casting que j'aie jamais passé". Deux mannequins ont affirmé à l'AFP avoir été forcées d'attendre plus de trois heures, sans aucun accès aux toilettes. "C'est le pire casting que j'aie jamais passé", a déclaré l'ex-mannequin de Gucci, Anna Vivchar, 19 ans, qui a préféré partir car elle ne pouvait plus se retenir. "Tout le monde était nerveux et échauffé."
"Nous avons assuré les conditions les plus confortables possibles". Cette version a été totalement contestée par l'une des deux responsables du casting mis en cause, Maida Gregori Boina, qui a affirmé que les mannequins n'avaient pas attendu "ne serait-ce qu'une heure dans le noir". "Tout au long de ce casting, nous avons assuré les conditions les plus confortables possibles" compte tenu de la situation, a déclaré cette figure du milieu de la mode au site spécialisé "Business of fashion". Balenciaga (groupe Kering) n'en a pas moins rompu son contrat avec l'agence.
Une rupture de contrat qui n'est pas passée inaperçue. Avec jusqu'à treize castings par jour, "on n'attend normalement environ qu'une demi-heure", a raconté la jeune mannequin ukrainienne Elizabeth Pentsarska (17 ans), qui a déjà défilé pour Chanel. Dans ce monde feutré où les mannequins craignent de se plaindre par peur de perdre leur travail, la rupture du contrat a fait du bruit. Pour Isabelle Saint-Félix, secrétaire générale du Syndicat national des agences de mannequins (Synam), cette sanction sonne comme un "avertissement".
"Il faut que les choses changent". "Le groupe Kering a pris une bonne décision et cela peut être l'occasion de redresser un peu la situation" qui s'est "détériorée depuis quatre-cinq ans", a ajouté la responsable. Ce syndicat affirme avoir alerté sur ce sujet la Fédération de la couture depuis plusieurs années. "Il faut que les choses changent", lance Isabelle de Saint-Félix. Les mannequins "ont une carrière courte, elles sont là pour travailler, et se disent que c'est peut-être le prix à payer", remarque-t-elle.