Ils étaient avocat au Soudan, vétérinaire au Pakistan, footballeur en Iran ou mécanicien aéronautique en Erythrée... 80 réfugiés de l'ex-"Jungle" de Calais ont rejoint l'université de Lille, où, après des cours de français intensifs, ils vont apprendre ou réapprendre un métier. Dictée, compréhension orale, lecture, exercices de prononciation... Dans une salle de cours de l'université de Lille, les étudiants assistent très attentivement à une leçon de français dispensée par des professeurs de "Français langue étrangère" (FLE).
Objectif : débuter une formation classique en septembre 2017. "J'ai vécu deux mois dans la 'Jungle', j'y ai juste appris l'alphabet à l'école laïque du chemin des Dunes. J'espère qu'un jour, je pourrai devenir ingénieur en France, comme je l'étais au Soudan... C'est pas facile, je vais devoir travailler beaucoup", dit Abdul-Raouf, 26 ans, premier de sa classe. Répartis en quatre groupes de niveau et logés à la cité universitaire, ils suivent depuis novembre une quinzaine d'heures de cours par semaine. Objectif : "les amener le plus loin possible dans l'apprentissage du français d'ici juin pour intégrer une formation universitaire classique à la rentrée 2017", explique Hugues Perdriaud, l'un de leurs professeurs.
Renoncer à l'Angleterre. Tous ont été "recrutés dans la 'Jungle' de Calais" démantelée à l'automne dernier, par l'université avec l'aide d'associations. Les bénévoles nous ont "aidés à sélectionner parmi plus de 200 candidats les 80 dossiers qui nous paraissaient les plus adaptés", indique Emmanuelle Jourdan-Chartier, enseignante en histoire à l'université de Lille et l'une des porteuses du projet. Parmi les critères de sélection : avoir déjà été étudiant dans son pays d'origine, nourrir un projet professionnel correspondant aux formations proposées par l'université et une volonté de s'installer sur le territoire et donc de renoncer à l'Angleterre.
55 étudiants ont déjà le statut de réfugié. Les 80 étudiants, dont 55 ont déjà obtenu le statut de réfugié ou la protection subsidiaire, construisent actuellement avec un conseiller d'orientation, "un projet professionnel en cohérence avec leur parcours, la réalité de l'université française et du marché de l'emploi", ajoute l'enseignante. Ceux dont le niveau de français ne serait pas suffisant pour rejoindre une formation universitaire en septembre, recommenceront une année supplémentaire de FLE. "Ce ne seront pas les premiers étudiants à valider leur première année en deux ans...", sourit Nathalie Euthuin, autre enseignante porteuse du projet