C'est une lettre qui n'a pas vraiment de chance d'aboutir mais qui a le mérite d'apporter un nouvel éclairage au débat sur la déchéance de nationalité. Plusieurs militants et sympathisants anarchistes de Charente-Maritime ont formellement demandé, dans un courrier au président de la République, à être déchu de leur nationalité française. Une "démarche symbolique" pour mieux afficher leur indignation contre un "pseudo-débat" et une "mesure" dont "les terroristes se foutent".
"Nous autres, Français de hasard". Dans leur missive postée lundi, cinq signataires, basés sur l'île d'Oléron, demandent à François Hollande de recevoir leur "demande de déchéance de la nationalité française. Pourquoi ? Nous autres, Français de hasard, ne voulons plus être français tant que vous incarnerez cette idée de la France".
Le dessinateur Siné est de la partie. Une dizaine d'autres personnes ayant eu vent ces derniers jours de la démarche, dont le dessinateur et caricaturiste Siné, ont souhaité ajouter leur nom à la liste des signataires. C'est l'initiateur de cette demande, un militant anarchiste et responsable de la maison d'édition Editions libertaires, Jean-Marc Raynaud, qui a annoncé ce ralliement de taille à leur cause.
Une démarche purement "symbolique". Ce dernier sait bien "que cette demande n'a aucune chance d'aboutir", car l'Europe interdit de rendre un individu apatride. "Mais je m'en fous, cette demande est une démarche symbolique contre ce pseudo débat sur l'Etat d'urgence et la déchéance de nationalité", poursuit-il. "On sait bien que les terroristes s'en foutent, seul Dieu compte pour eux. Ces décisions n'auront aucune efficacité".
A travers l'instauration de la déchéance de nationalité, les signataires accusent dans leur lettre le chef de l'Etat de "jouer avec les allumettes", et de mettre en place "un arsenal juridique démagogue qui assigne aujourd'hui à résidence des écolos et des syndicalistes et qui, demain, se retournera contre" lui. Et de mettre en garde le Président : "si demain le pouvoir va à l'extrême droite, elle n'aura pas à faire ses propres lois, elles existeront déjà. C'est irresponsable politiquement. On n'a pas le droit de jouer avec les valeurs de la République. Même si je suis anarchiste, je suis un républicain dans l'âme", accuse Jean-Marc Raynaud.