Des millions de personnes victimes de «maltraitance institutionnelle», selon un rapport

© THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
  • Copié
avec AFP
Absence d'interlocuteurs, formulaires complexes, accueil "condescendant" : des millions de personnes sont victimes en France de "maltraitance institutionnelle" aux conséquences "dramatiques", selon un rapport publié jeudi par ATD Quart Monde qui exhorte l'État à y mettre fin. 

"C'est un phénomène qui est peu connu mais qui touche tout le monde", souligne auprès de l'AFP la présidente de l'organisation de lutte contre la pauvreté, Marie-Aleth Grard. "Elle touche à la fois les professionnels des organismes concernés, quand ils sont obligés de traiter 200 dossiers au lieu de 50 avant parce que les départs à la retraite ne sont pas remplacés."

"Mais elle touche surtout de plein fouet les près de 10 millions de personnes qui sont sous le seuil de pauvreté et qui n'arrivent pas toujours à accéder à leurs droits, n'arrivent pas à avoir de logement, à accéder à un emploi, à avoir le RSA" (revenu de solidarité active), ajoute-t-elle.

"C'est dramatique de savoir que certaines personnes se retrouvent sans rien pour vivre"

Ces personnes doivent parfois faire face à un "manque de doigté" ou de "condescendance" de la part de certains interlocuteurs, à des moyens humains insuffisants, à la suppression de "points d'accueil humain de proximité", à des droits "abusivement conditionnés" ou encore à "des lois ou des réglementations inadaptées", énumère ATD Quart Monde dans son rapport.

 

Conséquence de cette "maltraitance institutionnelle", "le taux de non-recours aux prestations sociales explose", relève Marie-Aleth Grard, qui évoque entre autres un taux de 35% de non-recours au RSA ou encore de 50% pour le minimum vieillesse.

"C'est dramatique de savoir que certaines personnes se retrouvent sans rien pour vivre tout ça parce qu'elles ne trouvent pas la bonne porte, parce que c'est trop compliqué comme dossier à remplir ou parce que certains échanges sont trop intrusifs", ajoute-t-elle.

Des mesures pour lutter contre la "maltraitance institutionnelle"

Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) portant sur le non-recours des prestations sociales et publiée en 2023, 23% des personnes interrogées invoquaient la complexité des démarches et 18% la crainte de conséquences négatives.

Pour lutter contre la "maltraitance institutionnelle", ATD Quart Monde préconise notamment de remettre "de l'humain dans les services publics", d'instaurer un "revenu insaisissable et inconditionnel", de concevoir les formulaires avec des ayants droit, de simplifier et "rendre transparentes" les procédures ou encore de faciliter les recours juridiques et administratifs.